Journal d'investigation en ligne et d'information‑hacking
Édito
par Yovan Menkevick

OpenMedia International : quand cyber-militantisme rime avec bullshit

(C'est bien de défendre les libertés sur le réseau, vouloir un Internet neutre, empêcher les vilains gouvernements et les vilaines multinationales de s'arroger tous les droits sur les internautes. C'est très très bien. Mais quand on n'a pas plus de réflexion sur le sujet qu'un poulet industriel face à une RFC, ça peut donner du grand n'importe quoi.) Prenons le cas de cette formidable organisation qu'est OpenMedia International.

(C'est bien de défendre les libertés sur le réseau, vouloir un Internet neutre, empêcher les vilains gouvernements et les vilaines multinationales de s'arroger tous les droits sur les internautes. C'est très très bien. Mais quand on n'a pas plus de réflexion sur le sujet qu'un poulet industriel face à une RFC, ça peut donner du grand n'importe quoi.)

Prenons le cas de cette formidable organisation qu'est OpenMedia International. Leurs slogan est super bien foutu, on a tous envie d'adhérer : "c'est une communauté qui veut préserver un Internet ouvert et accessible dans le monde entier". Oui, oui, oui : nous aussi on veut. C'est bien, ça.

 

 

 

 

Sauf que la question de l'activisme, et dans ce cas précis, du cyber-activisme est un peu plus compliquée que la reprise de slogans sur lesquels tout un chacun peut se retrouver. L'activisme demande de s'intéresser au monde qui nous entoure, en comprendre la complexité, la nature, l'histoire. L'activisme existe par des artistes, des techniciens, des intellectuels, des créateurs en tout genre, mais pour qu'il soit efficient, et au final, efficace, il faut qu'il soit habité par des individus capables de raisonner avec la complexité.

Ce n'est pas le tout de connaître le principe des zones DNS, l'ARP et le RARP, la composition d'un paquet IP et les finesses de la sécurité des serveurs web, de l'accès au réseau, des protocoles qui s'y promènent, de réciter par cœur des RFC comme d'autres récitent leurs tables de multiplication. Non. Parce que si cette compréhension, cette connaissance ne sont pas soutenues par une véritable compréhension du monde humain qui l'utilise, tout ça n'est qu'un vaste théâtre des vanités.

OpenMedia International dénonce le TPP, mais dans le même temps où cette organisation appelle à un Internet libre, ouvert et accessible de partout, elle appelle aussi à la rejoindre sur…Facebook !

Quoi de plus "libre" et "ouvert" que le réseau social de Mark Zuckerberg, n'est-ce pas ? Une entreprise privée qui a changé sept fois ses contrats utilisateurs pour s'arroger des droits sur les données des internautes utilisant son réseau social, et qui conserve les données des utilisateurs une fois le compte supprimé…

Le cyber-activisme, dans le cas d'Open media International peut-être résumé par cette phrase de Rabelais (qui n'a pas connu Internet, n'est pas un community manager d'Amazon, n'est pas coté en bourse, ne sait pas faire des "Like" mais disait des choses intéressantes), dont pas mal de geeks se cognent comme de leur premier commodore 64, mais devraient méditer un peu :

Science sans conscience n'est que ruine de l'âme

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