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par Antoine Champagne - kitetoa

Nicolas Sarkozy et l'affaire Karachi : j'ai rien fait, sauf fouiller le dossier d'instruction

Souvenez-vous, c'était le début de la présidence Sarkozy, celle qui restera dans les livres d'histoire comme la pire de la Vème république : la droite était "décomplexée". Elle assumait enfin ce qu'elle était. Tout était possible, et il fallait agir avant de réfléchir. Et l'on a pas été déçus. Racisme, stigmatisation, détricotage des acquis sociaux, destruction systématique de l'héritage du Conseil national de la résistance.

Souvenez-vous, c'était le début de la présidence Sarkozy, celle qui restera dans les livres d'histoire comme la pire de la Vème république : la droite était "décomplexée". Elle assumait enfin ce qu'elle était. Tout était possible, et il fallait agir avant de réfléchir. Et l'on a pas été déçus. Racisme, stigmatisation, détricotage des acquis sociaux, destruction systématique de l'héritage du Conseil national de la résistance. Avec l'approche de 2012, la droite décomplexée fait des aller-retour entre décomplexitude maximale pour séduire les électeurs du Front National et propositions faussement gauchisantes pour séduire le centre. Mais le naturel revient toujours au galop... Alors que la justice se rapproche dangereusement de Nicolas Sarkozy dans l'affaire Karachi, la présidence de la république a publié hier un communiqué dont Nicolas Sarkozy et ses équipes ont le secret.

Le président aurait pu se contenter de rester silencieux, se plaçant au dessus de la mêlée ou, au pire, publier un texte laconique. Mais non, il a voulu donner des détails. Et c'est là que cela devient intéressant. Car en bon décomplexé, le président de la république explique dans son communiqué que ses équipes ont allègrement violé le secret de l'instruction. Ce qui ne le dérange pas le moins du monde. Ce n'est pas la première fois que l'Elysée se fait remonter en temps réel les informations liées à une affaire en cours. Ce fut le cas pour l'affaire Bettencourt par exemple. Surlignons en gras les passages du communiqué qui démontrent que la séparation des pouvoirs est le cadet des soucis du président, pourtant garant de la constitution.

Communiqué de la Présidence de la République

La Présidence de la République tient à apporter les précisions suivantes :

  • M. Nicolas SARKOZY n'a jamais dirigé la campagne de M. Edouard BALLADUR.
  • Il n'a jamais exercé la moindre responsabilité dans le financement de cette campagne. Il en était le porte-parole.
  • S'agissant de l'affaire dite de « Karachi », le nom du chef de l'Etat n'apparaît dans aucun des éléments du dossier. Il n'a été cité par aucun témoin ou acteur de ce dossier. Il y est donc totalement étranger d'autant plus qu'à l'époque où il était ministre du Budget, il avait manifesté son hostilité à ce contrat comme cela apparaît dans les pièces de la procédure.
  • Les familles des victimes de l'attentat de Karachi ont droit à la vérité et au respect de leur souffrance.

Tout le reste n'est que calomnie et manipulation politicienne.

Cet accès à des informations concernant une instruction en cours ne s'arrête pas à l'Elysée. Le Monde rapporte ce matin que Brice Hortefeux, parlant au téléphone (sur écoute) de l'un des acteurs mis en examen, Thierry Gaubert, évoque un témoignage dont le procès verbal n'est même pas encore coté au dossier. Un comble, de voir Brice Hortefeux se faire prendre la main dans le sac par une écoute téléphonique, lui qui en est si friand.

Le Monde démonte point par point les autres affirmations du communiqué de l'Elysée. Sur les points factuels, il semble en effet improbable que M. Sarkozy soit, comme il le dit, totalement étranger à cette affaire dont il connaît bien entendu tous les détails. Ne serait-ce qu'en raison de son poste actuel. Ce qui est plus troublant, c'est cette capacité à bafouer le texte fondateur et à s’immiscer dans des instructions en cours sans que cela ne lui pose le moindre problème. Mieux, qu'il s'en vante dans un communiqué.

La garde de l'arrière garde de Nicolas Sarkozy s'énerve avec cette affaire Karachi. Jean-François Copé a ainsi estimé que :

"Les Français ne sont pas dupes de ces manipulations sordides qui ne visent qu'à mieux faire oublier les turpitudes et les divisions internes du PS".

Il est d'ailleurs bien placé pour parler de cela puisqu'il est lui même en position difficile depuis hier. Mediapart a ainsi révélé que le secrétaire général de l'UMP apparaissait dans la comptabilité du marchand d'armes Ziad Takieddine, celui-là même qui a participé aux contrats d'Amesys en Libye, sous le contrôle du gouvernement et des services secrets français. Mais tout cela n'est que calomnie et manipulation politicienne, quelque chose que ne pratique jamais la Droite, elle qui est blanche comme neige. La politique, c'est un métier. Cette année d'élection présidentielle va sentir mauvais à un point jamais égalé. Avec le résultat que l'on connait dans ces cas là : les extrêmes en tireront tout le profit, sur le thème "tous pourris, sauf nous". Ce qui est évidemment faux. Il suffit de voir comment se sont comportés les élus du Front National dans les villes qu'il a brièvement dirigées. Mais les électeurs ont la mémoire courte et la presse n'aide pas sur ce point.

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