Journal d'investigation en ligne et d'information‑hacking
Édito
par Yovan Menkevick

L'histoire politique peut nous faire réfléchir

Alors que la politique est en panne en France, comme dans la majorité des pays européens, des discours de remise en cause de nos systèmes politques déclarés démocratiques s'élèvent de plus en plus fort. Rien de plus normal, puisqu'aucun projet de société ne ressort d'aucun discours politique.

Alors que la politique est en panne en France, comme dans la majorité des pays européens, des discours de remise en cause de nos systèmes politques déclarés démocratiques s'élèvent de plus en plus fort. Rien de plus normal, puisqu'aucun projet de société ne ressort d'aucun discours politique. Et c'est bien là que se situe le danger : la nature humaine a horreur du vide, et l'orientation des "gouvernements d'austérité" composés de gestionnaires dont la probité a été largement mise en cause par les "affaires" au sommet des Etats ne peut que pousser des forces politiques diverses à crédibiliser des discours qui pourraient nous mener à des extrémités fortement gênantes.

La population, tout du moins une partie de la population aimerait que "quelque chose se passe" : que ses besoins soient pris en compte, sa parole entendue, qu'une part de ses volontés collectives fassent loi. Le régime précédent, constitué d'un gouvernement, libéral et réactionnaire, conservateur et potentiellement corrompu (affaires Bettencourt, Karachi, Hortefeux, Takieddine etc…) a accentué ce sentiment d'une prise en otage du pays par une classe dirigeante, et ce, au détriment des citoyens.

Le nouveau gouvernement en place, dans un autre registre, accentue le rejet du système politique qui organise le pays depuis 1958 et laisse, par son incapacité, entre autres à effectuer une politique claire, en accord avec l'idéologie qu'il est censé suivre (le socialisme), une place de plus en plus importante à des forces de contestation aux "solutions" politiques des plus inquiétantes .

Pourquoi sont-elles inquiétantes ? Parce qu'elles suivent des discours tout à fait parallèles à d'autres qui ont mené les peuples dans de sombres impasses. Alors, parce que Reflets est un média libre de traiter l'information comme bon lui semble, libre de chercher à effectuer des analyses d'une manière non-conventionnelle, un petit exercice "amusant" peut aider, peut-être, à mieux comprendre ce qu'il se passe.

Sans pour autant affirmer que les parallèles sont parfaits et mènent à la même issue. Non, mais pour réfléchir à ce que les discours sous-tendent, à ce que les rejets et les constats peuvent engendrer, il faut regarder comment au cours de l'histoire, qui se répète souvent, ce que des périodes similaires à la nôtre ont engendré. Cet extrait de discours, d'un parti politique, sort de la bouche d'un homme politique. Les mots en gras ont été volontairement changés, les mots d'origine sont donnés en fin d'article. Il suffit de lire, puis ensuite, d'effectuer les remplacements.

On nous parle du phénomène de l’autonomisme du parti du renouveau républicain (1) : je dis aux membres du renouveau républicain (2) et aux citoyens que cet autonomisme n’a aucune importance. Ce n’est pas l’autonomisme des idées et des tendances. Le renouveau républicain (2) ne connaît pas de tendances. Les tendances sont le triste privilège des vieux partis, qui sont des associations épileptiques diffusées dans tous les pays et qui n’ayant rien à dire ni à faire, finissent par imiter ces sordides prêtres d’Orient qui discutaient sur toutes les questions du monde pendant que Byzance périssait. Les rares, sporadiques tentatives d’autonomie du renouveau républicain ou sont liquidées, ou sont en voie de liquidation, parce qu’elles représentent seulement des revanches de nature personnelle.

Pour commencer, notre syndicalisme diverge de celui des autres, parce que nous n’admettons la grève des services publics pour aucun motif. Nous sommes pour la collaboration de classes, spécialement dans une période, comme l’actuelle, de crise économique très aiguë. Nous cherchons donc à faire pénétrer dans la cervelle de nos syndiqués cette vérité et cette conception. Mais il faut dire, avec la même franchise, que les industriels et les employeurs ne doivent pas faire de chantage, parce qu’il y a une limite au-delà de laquelle on ne peut aller ; et les industriels et les employeurs, la bourgeoisie, pour le dire en un mot, la bourgeoisie doit se rendre compte que dans la nation il y a aussi le peuple, une masse qui travaille, et on ne peut penser à la grandeur de la nation si cette masse qui travaille est inquiète, oisive, et que le devoir du renouveau républicain (2) est d’en faire un tout organique avec la nation pour l’avoir demain, quand la nation a besoin de la masse, comme l’artiste a besoin de la matière brute pour forger ses chefs-d’œuvre.

C’est seulement avec une masse insérée dans la vie et dans l’histoire de la nation, que nous pourrons faire une politique étrangère.

Notre programme est simple : nous voulons gouverner la France (3). On nous dit : « des programmes ? ». Mais des programmes il y en a même trop. Ce ne sont pas les programmes de sauvetage qui manquent à la France (3). Ce sont les hommes et la volonté ! [Applaudissements]. Il n’y a pas un Français (4) qui n’a pas ou qui ne croit pas posséder la méthode sûre pour résoudre certains des problèmes les plus obsédants de la vie nationale. Mais je crois que vous êtes tous convaincus que notre classe dirigeante est défaillante. La crise de l’État libéral est écrite dans cette défaillance.

Et alors il faut affronter le problème : « Comment remplacer cette classe politique, qui a toujours, dans les derniers temps, conduit une politique d’abdication face au fantoche gonflé de vent qu’était le socialisme français (5)? »

(…)  Nous aurons un État qui fera ce simple discours : « L’État ne représente pas un parti, l’État représente la collectivité nationale, il comprend tout le monde, il dépasse tout le monde, il protège tout le monde et il affronte tous ceux qui portent atteinte à son imprescriptible souveraineté » [applaudissements retentissants et prolongés].

(…)Un État qui ne donne pas localement raison au plus fort ; un État différent de l’État libéral, qui en cinquante ans n’a pas su s’équiper d’une typographie pour faire son journal lors d’une grève générale des typographes ; un État qui est à la merci de l’omnipotence, de la feu omnipotence socialiste ; un État qui croit que les problèmes peuvent être résolus du seul point de vue politique, parce que les mitrailleuses ne suffisent pas s’il n’y a pas l’esprit qui les fasse chanter. Tout l’attirail de l’État s’écroule comme un vieux décor de théâtre d’opérette, quand il n’y a pas la plus intime conscience d’accomplir un devoir, même une mission. Voici pourquoi nous voulons dépouiller l’État de tous ses attributs économiques. Ca suffit avec l’État cheminot, avec l’État facteur, avec l’État assureur. Ça suffit avec l’État exploitant les dépenses de tous les contribuables français et aggravant les finances épuisées de l’État français. Il reste la police, qui protège les honnêtes gens des attentats, des voleurs et des délinquants ; il reste le maître éducateur des nouvelles générations ; il reste l’armée, qui doit garantir l’inviolabilité de la Patrie et il reste la politique étrangère.

Mussolini : discours à Udine du 20 septembre 1922 (extraits)

(Source http://www.cevipof.com/fichier/p_publication/431/publication_pdf_cahierducevipof39.pdf Page 57)

(1) parti fasciste

(2) fascisme

(3) Italie

(4) Italien

(5) socialpussismo italien

l'Union européenne, qui est aujourd'hui détestée par le plus grand nombre (ce qui peut s'entendre au vu de son indifférence aux peuples et son orientation uniquement économique), a vu son ancêtre, la SDN (Société Des Nations) devenir elle aussi l'objet des foudres fascistes. Ce que cet extrait d'article, datant de 1936, résume très bien :

 

Les constats de défaillance sont importants à effectuer. Mais les réponses politiques, les solutions brandies par certains doivent peut-être nous faire réfléchir. Surtout quand le terme de "nation", "patrie", "démocratie", "peuple", "souveraineté" sont brandis avec autant de fougue. L'histoire politique a à nous apprendre. Parce que la répétition est inscrite dans cette histoire. Seuls les noms changent. Mais les résultats ?

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