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par bluetouff

Le retour de la super méga haute autorité indépendante CSA / ARCEP... HADOPI

Source Wikipedia PIF et PAF sont sur un bateau... Depuis plusieurs mois, le CSA pousse au portillon pour tenter de se frayer une place et justifier son budget de fonctionnement. L'autorité, et c'est de bonne guerre, fait donc le forcing sur Internet. Du coup elle s'invente des concepts bien à elle, des gadgetophrases, pour tenter de nous faire croire qu'elle a un caractère indispensable. Du PAF (Paysage Audiovisuel Français) qu'elle régule, elle a inventé un nouveau concept...

Le changement, c'est quand au juste ?

Cela fait bien deux ans qu'on la sent arriver celle là. Pourtant, on aurait pu penser qu'entre la fin des années 90 et 2012, certains concepts, comme les services gérés, le broadcast, le multicast, la notion de ressource rare (...) auraient pu être assimilés par les uns et par les autres. Malheureusement, il semble que tout ceci ne soit pas encore tout à fait clair chez nos dirigeants, et plus particulièrement pour Fleur Pellerin, notre secrétaire d'État à "l'Économie Numérique". Les mots ont un sens, car encore une fois, l'intitulé précis du secrétariat d'État exclu tout espoir d'envisager une concertation des internautes portant sur un outil qui LEUR appartient. Internet est un bien commun et non un réseau appartenant à quelques ayants-droit qu'il convient de réguler pour ne pas qu'il s'entretuent dans le but de se voir attribuer des ressources rares.

Rappelons tout de suite un petit détail, sur Internet,les producteurs de contenus, ce sont les internautes et non Vivendi, Bouygues ou Orange.

♬ Tu avances et tu recules ♪ ... Comment veux-tu comment veux-tu que j' te régule ♫ ...

Hier soir, en audition à l'Assemblée Nationale, Fleur Pellerin a semblé se prononcer en faveur d'une fusion du CSA et de l'ARCEP rapporte l'AFP.

L'argument avancé par la secrétaire d'État a de quoi surprendre en 2012 :

"Il y a un certain nombre de sujets" comme "la convergence, les questions liées à l'arrivée de la télévision connectée (...) qui nous poussent à avoir une réflexion d'ensemble"

La télévision connectée, broadcastée, sous forme de service géré, sur un réseau IP multicast, deviendrait alors un argument faisant pencher la balance en faveur d'une fusion des deux hautes autorités pseudo indépendantes... on marche sur la tête.

Dessine moi une autorité indépendante

Alors tu vois Polo, une autorité indépendante, ça dépend surtout des personnes qui nomment son collège, et tu vas voir, l'indépendance c'est quand même assez relatif.

Le CSA c'est indépendant comme ça :

"Le Conseil supérieur de l'audiovisuel est composé d’un Collège de neuf membres nommés par décret du Président de la République. Trois d’entre eux, dont le président, sont désignés par le Président de la République, trois par le président du Sénat et trois autres par le président de l'Assemblée nationale." (source)

Plus indépendant, tu meures...

C'est comment du côté de l'ARCEP ? Et bien c'est pas franchement mieux.

Source Wikipedia

PIF et PAF sont sur un bateau...

Depuis plusieurs mois, le CSA pousse au portillon pour tenter de se frayer une place et justifier son budget de fonctionnement. L'autorité, et c'est de bonne guerre, fait donc le forcing sur Internet. Du coup elle s'invente des concepts bien à elle, des gadgetophrases, pour tenter de nous faire croire qu'elle a un caractère indispensable. Du PAF (Paysage Audiovisuel Français) qu'elle régule, elle a inventé un nouveau concept... le PIF (Paysage Internet Français). Et ça aurait presque pu fonctionner, sauf que voilà, sur Internet il y a des... des internautes. Attendu qu'Internet est un moyen de diffusion des contenus des internautes et non de Vivendi, de TF1, d'Orange ou de France Télévision, ce sont ces internautes que le CSA entend donc implicitement réguler. Ouais mais non, ça va pas le faire ... et on va vous expliquer pourquoi.

La faune du PIF, ce sont des internautes, et ces internautes ne sont pas un paysage, ce sont des personnes physiques, acteurs d'Internet, avec des droits et des devoirs. Chacun de ces internautes est un noeud du réseau qui reçoit et émet, même si certains veillent à ce qu'on émette moins que l'on reçoit.

La faune du PAF, ce sont des entreprises, des personnes morales, qui se partagent des ressources rares (les fréquences hertziennes), seule véritable raison d'être du CSA. S'il y a bien quelque chose que l'autorité doit réguler, c'est l'attribution des fréquences hertziennes. Si le CSA veut réguler les fréquences hertziennes d'Internet, nous pourrions par exemple lui suggérer d'entrer dans la Wifi Alliance, ce sont des gens sympas et plutôt compétents.

Internet et ressources rares

Sur Internet, il existe principalement deux ressources "rares", les adresses IP et les noms de domaines. On les désigne comme des ressources rares non pas parce qu'il n'y en a pas beaucoup, mais tout simplement parce qu'on ne peut attribuer à deux entités distinctes la même adresse IP ou le même nom de domaine. C'est en gros comme si on attribuait le même numéro de téléphone à deux personnes, ça fonctionne beaucoup moins bien.

Le hic, c'est que :

Les métiers respectifs de ces deux autorités reconnues étant légèrement plus subtils que l'élaboration de petits logos à placarder sur un écran, nous ne saurions trop suggérer au CSA de laisser ces autorités faire leur travail afin de ne pas casser Internet. Ces jouets là, c'est pour les grandes personnes.

La notion de ressource rare sur Internet diverge fondamentalement avec les frquences hertziennes : des plages de fréquences, quand il n'y en a plus, il n'y en a plus. Des IP(v4) quand il n'y en a plus on passe à l'IP(v6). Pour les noms de domaines, on s'invente une nouvelle extension, comme .xxx ou le .bzh, parfois même en se passant de l'adoubement de l'ICANN, comme pour le 42 registry.

Mais alors, si le CSA ne régule pas les ressources rares sur Internet, il va réguler quoi au juste ?... bingo, les contenus , et les contenus c'est vous , c'est nous.

Labellisation des sites Web, acte 2

L'idée d'un rapprochement entre ARCEP et CSA n'est pas nouvelle, l'un de ses plus fervents promoteurs était (roulement de tambours)... Frédéric Lefèbvre. En pleine bataille HADOPI, une autre autorité super indépendante, l'ami Frédéric Lefèbvre et quelques uns (petite pensée pour Muriel) défendaient becs et ongles un rapprochement entre autorités super indépendantes, pour créer une super hyper mega haute autorité encore vachement plus indépendante, dont l'objet serait d'attribuer aux sites Web des petits logos débiles à afficher en page d'accueil à l'image de ceux que l'on voit sur nos écrans de télévision. Alors certes, ce n'était pas tout à fait formulé de cette manière, on avait vite évacué un caractère obligatoire, mais tout de même !

Internet n'a jamais eu besoin de demander un bon point attribué sous forme de logo à une autorité, aussi indépendante soit-elle pour tourner, pour se développer, pour créer un ciment entre les civilisations qui va bien au delà de "l'économie numérique". Si c'est l'économie numérique que l'on souhaite réguler, alors créons un énième Comité Théodule, par exemple une Haute Autorité du Bien Public Internet qui veillera, au PIF et au pif, à la préservation de la neutralité du Net, et donc à la liberté d'entreprendre et de créer de la valeur sur Internet.

Réguler les contenus sur Internet, nous l'avons bien compris, est surtout un moyen de plus pour s'orienter vers une fiscalisation de l'information sur le réseau. Il s'agit d'une dérive dangereuse qui pousse petit à petit l'Internet français vers la porte de sortie et asphyxiera à terme la création en créant de l'auto censure artificiellement pour obtenir son petit logo du CSA.

Internet, le machin mondial là, vous savez ce qu'il lui dit au CSA ? Profitez donc de la venue en France de Moncef Marzouki pour lui demander comment on appelait le CSA en Tunisie il y a peu de temps, il me semble que c'était quelque chose comme Amar404.

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