Journal d'investigation en ligne et d'information‑hacking
par bluetouff

Le changement... ça commence !

Votre serviteur a pris une très mauvaise habitude, celle de lire ses mails et de consulter sa timeline Twitter avant de prendre son café. La plupart du temps, il s'agit fondamentalement d'une très mauvaise idée. Sauf que voilà, ce matin deux nouvelles toutes fraiches ont attiré mon attention. L'une concerne Qosmos, l'autre concerne un décret de la LOPPSI, la Loi d'orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure, si chère à Nicolas Sarkozy.

Votre serviteur a pris une très mauvaise habitude, celle de lire ses mails et de consulter sa timeline Twitter avant de prendre son café. La plupart du temps, il s'agit fondamentalement d'une très mauvaise idée. Sauf que voilà, ce matin deux nouvelles toutes fraiches ont attiré mon attention. L'une concerne Qosmos, l'autre concerne un décret de la LOPPSI, la Loi d'orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure, si chère à Nicolas Sarkozy. Deux informations concernant deux dossiers que nous suivons depuis bien longtemps.

Les aventures de Qosmos en Syrie

La première information concerne une vieille connaissance de Reflets.info, Qosmos, une entreprise française qui nous expliquait il y a plus de deux ans à Fabrice et moi même sur Techtoc.Tv, ne pas vendre ses technologies à des dictatures, mais concédait cependant que certains de ses clients, des intégrateurs, pourraient éventuellement être tentés d'intégrer les technologies de Qosmos à des fins de surveillance de masse dans certaines dictatures. La question de la responsabilité éthique des usages faits des technologies de Qosmos par ces pays en trame de fond... malheureusement prémonitoire :  Magnéto Serge !

Et là, pas de chance, quelques mois plus tard, Bloomberg révélait que Qosmos était impliqué au sein d'un consortium italien dans la vente de moyens de surveillance de masse à destination du régime de Bachar al Assad. Il s'agit du projet baptisé ASFADOR.

Rétrospectivement, il est évident qu'en re-visionnant l'interview ci-dessus et après avoir travaillé plusieurs mois sur les sociétés qui packagent clé en main des solutions de surveillance, il nous semble évident que Qosmos ne pouvait pas ne pas savoir l'usage qui allait être  fait de sa technologie en Syrie, via son intermédiaire italien, Area SPA... Nous serions, chez Reflets, assez curieux de savoir quel types de plugins (Pour Skype ? Pour Gmail ? Pour Facebook ? Pour Youtube ?) Qosmos s'apprêtait à vendre au régime syrien... Qosmos a donc beau rôle d'appeler à une règlementation plus stricte des exportations et de l'utilisation de ces solutions.

La bonne nouvelle du jour à ce sujet, c'est OWNI qui nous la sert, elle concerne une plainte de la FIDH et de la LDH à l'encontre de Qosmos sur cet embarrassant dossier syrien.

Aux USA, il aura fallu à peine un mois pour que le département d'Etat ouvre une enquête et ne fasse condamner la société Bluecoat pour avoir vendu des appliance en Syrie, comme nous l'avions techniquement démontré dans nos pages.

En France, en dehors d'une instruction ouverte à l'encontre d'Amesys pour avoir construit, sur mesure, un système de surveillance de masse au régime de Kadhafi et plus particulièrement à Abdallah Al-Senoussi, tristement célèbre pour ses exactions... toujours rien, toujours aucune condamnation, pas la moindre petite amende... ah si, une légion d'honneur pour le dirigeant d'Amesys Bull. Heureusement que le précédent gouvernement n'attribuait pas des prix Nobels de la paix.

Si aux USA, Bluecoat a principalement été reconnu coupable de contournement de l'embargo pour acheminer ses appliances, le cas d'Amesys, bien plus embarrassant, implique l'Etat français au plus haut niveau.

Le cas de Qosmos est lui assez comparable à celui de Bluecoat sur sa forme, pas vraiment à celui d'Amesys en Libye. Nous verrons si la justice française donne suite aux plaintes de la FIDH et de la LDH pour ces deux entités françaises, des plaintes aux motifs particulièrement lourds concernant une implication supposée dans "la commission d’actes de tortures et de crimes contre l’Humanité". Si les motifs restent sensiblement les mêmes pour ces deux acteurs français, incontournable dans le monde de la surveillance de masse, il convient de bien garder en tête que les deux dossiers sont très différents sur la forme et n'impliquent pas du tout les mêmes personnes, ni les mêmes condamnations potentielles. Qosmos est passé par un intégrateur italien là où Amesys a directement traité avec un terroriste notoire, d'ailleurs condamné en France par contumace pour son rôle dans l'attentat du DC10.

Évidemment, vous le savez si vous nous suivez, les cas syriens et libyens ne sont pas isolés, Reflets s'est déjà mis un point d'honneur à révéler l'utilisation d'outils de surveillance de masse d'origine française au Maroc, au Qatar ou plus récemment en Guinée Conakry pour ne citer qu'eux. On pourrait évidemmentciter l'aimable collaboration de France Telecom en Ethiopie pour traquer, entre autres, les utilisateurs de Skype.

LOPPSI : plus de blocage de site sans décision d'un juge

C'est seconde bonne nouvelle qui a ensoleillé ma matinée. C'était là encore l'un de nos gros combats, un décret de la LOPPSI qui permettait le blocage de sites web au doigt mouillé, avec tous les excès que ceci peut impliquer. Ce décret va donc probablement être abrogé, le gouvernement souhaite en tout cas l'abandonner. A lire sur PCInpact.

Elle est pas belle là vie ?

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