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par Antoine Champagne - kitetoa

L'attention revient sur l'Europe et ça fait mal

Il aura fallu attendre un peu, mais l'attention des investisseurs revient (temporairement ?) sur les fondamentaux économiques de l'Europe et subsidiairement, des Etats-Unis. L'incertitude née des mouvements arabes ne s'est pas envolée et l'approche d'une action au sol en Libye pourrait relancer la panique des acteurs des marchés financiers. Reste que la situation catastrophique des pays occidentaux revient à la "Une". Ce n'est pas une surprise pour les lecteurs de Reflets.

Il aura fallu attendre un peu, mais l'attention des investisseurs revient (temporairement ?) sur les fondamentaux économiques de l'Europe et subsidiairement, des Etats-Unis. L'incertitude née des mouvements arabes ne s'est pas envolée et l'approche d'une action au sol en Libye pourrait relancer la panique des acteurs des marchés financiers. Reste que la situation catastrophique des pays occidentaux revient à la "Une". Ce n'est pas une surprise pour les lecteurs de Reflets.info, mais voilà que le CAC 40 s'effondre sous prétexte qu'en fait, contrairement à ce qui a été annoncé, la Grèce ne serait pas vraiment sauvée, que le Portugal et l'Islande seraient en difficulté, que l'Espagne pourrait avoir des besoins de financement très importants et que... surprise... les Etats-Unis seraient trop endettés.

Les CDS de la dette grecque battent des records à 1228 points de base. Mais pas seulement eux. Ceux du Portugal, de l'Espagne, de l'Italie...

Et lorsque l'on regarde les CDS des banques des pays dits "périphériques", ça va très mal aussi. Il semblerait que les financiers s'attendent à ce que ces banques aillent de plus en plus mal.

Notez que les Stress Tests des banques européennes reviennent... Après la dernière blague du genre, d'où l'on avait vu les banques irlandaises sortir la tête haute, avant d'être déclarée en état de faillite virtuelle quelques mois après, on recommence.

Tout le monde table bien entendu sur des résultats positifs, en mode #toutvabien.

Pourtant, les investisseurs sont visiblement inquiets, comme le montre l'évolution récente des CDS des banques espagnoles, portugaises ou italiennes.

Bruxelles et Athènes s’époumonent et martèlent que la dette grecque ne sera pas restructurée. Mais bien entendu, plus personne n'y croit. D'autant que Bruxelles et les pays concernés nous ont joué le même air de pipeau lorsqu'il s'agissait de faire appel à l'aide internationale pour la Grèce, l'Irlande et le Portugal : "non merci, même pas besoin". Jusqu'au jour où c'est arrivé.

Les taux à deux ans de la Grèce ont dépassé les 20%. Paradoxalement, il n'y a pas de quoi rire. La restructuration (quelle que soit sa forme) est pour bientôt. Selon Reuters, qui cite des membres du gouvernement allemand, c'est même pour "avant l'été".

Autre sujet d'inquiétude, la Banque mondiale vient d'expliquer en termes diplomatiques et par la voix de son président Robert Zoellick, que le monde n'était plus "qu'à un choc près d'une crise". En d'autre termes, les mouvements sociaux, dangereux pour le business et la politique, ne sont plus très loin.

De leur côté, les agences de notation décident enfin de voir la réalité en face pour ce qui concerne les Etats-Unis. "Standard and Poor's a abaissé lundi 18 avril à «négative» la perspective d'évolution de la note de la dette des Etats-Unis, ce qui implique qu'elle pourrait l'abaisser à moyen terme", indiquent Les Echos. Les marchés action qui ne reflètent plus depuis

longtemps la réalité économique, se sont effondrés dans le sillage de cette annonce. Pourtant, la situation des USA sur ce plan est connue de tous depuis longtemps. Mais les marchés aiment se mentir à eux-mêmes le temps nécessaire à une bonne petite hausse.

We have affirmed our 'AAA/A-1+' sovereign credit rating on the United States of America. _The economy of the U.S. is flexible and highly diversified, the country's effective monetary policies have supported output growth while containing inflationary pressures, and a consistent global preference for the U.S. dollar over all other currencies gives the country unique external liquidity.__ Because the U.S. has, relative to its 'AAA' peers, what we consider to be very large budget deficits and rising government indebtedness and the path to addressing these is not clear to us, we have revised our outlook on the long-term rating to negative from stable.

We believe there is a material risk that U.S. policymakers might not reach an agreement on how to address medium- and long-term budgetary challenges by 2013; if an agreement is not reached and meaningful implementation does not begin by then, this would in our view render the U.S. fiscal profile meaningfully weaker than that of peer 'AAA' sovereigns. Rating Action_On April 18, 2011, Standard & Poor's Ratings Services affirmed its 'AAA'  long-term and 'A-1+' short-term sovereign credit ratings on the United States of America and revised its outlook on the long-term rating to negative from stable.

Autre sujet rigolo et peu traité dans la presse, la position de la Chine. Confronté à une inflation galopante, le pays remonte ses taux et impose à ses banques de relever le niveau de leurs réserves. Fort bien. Mais rien à propos des positions de Pékin par rapport à la dette des pays en difficulté. La Chine a massivement investi dans la dette américaine avant de lever le pied il y a quelques temps. Pour mieux investir dans la dette espagnole ou des pays "périphériques" européens. Le jour viendra où il faudra bien comptabiliser ces titres pour ce qu'ils sont : de la dette pourrie. Et le réveil ne sera pas non plus très agréable.

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