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par Antoine Champagne - kitetoa

La politique étrangère du quinquennat : au Kadhafi'rmament...

Combien étions-nous à nous dire que Nicolas Sarkozy franchissait une ligne jaune en invitant à Paris et en grande pompe le colonel Kadhafi ? Pour mémoire, tout avait commencé au lendemain de l'élection du président de la rupture. En juillet 2007, Nicolas Sarkozy décide de faire cavalier seul dans le dossier de la libération des infirmières Bulgares.

Combien étions-nous à nous dire que Nicolas Sarkozy franchissait une ligne jaune en invitant à Paris et en grande pompe le colonel Kadhafi ? Pour mémoire, tout avait commencé au lendemain de l'élection du président de la rupture. En juillet 2007, Nicolas Sarkozy décide de faire cavalier seul dans le dossier de la libération des infirmières Bulgares. Cet épisode rocambolesque marque le début d'une conception à la George Bush de la gestion des relations internationales : je fais ce que je veux et je vous merde... L'Union Européenne qui avait avancé sur ce dossier depuis longtemps était alors totalement court-circuitée par Nicolas Sarkozy, sa femme Cécilia et Claude Guéant, alors secrétaire général de l'Elysée.

Cet épisode est également fondateur pour ce qui est des relations entre le président Français et l'émir du Qatar. Le Qatar servant déjà de facilitateur financier.

Comme sur la plupart des dossiers qu'il a menés au cours de son quinquennat, Nicolas Sarkozy a fait le mauvais choix en matière de "diplomatie" française dans cette région du monde. Il a voulu ramener le colonel Kadhafi et Bachar el-Assad dans le concert des nations. A fréquenter des infréquentables notoires, on se brûle les doigts. Sur le même principe, Nicolas Sarkozy se vantait d'avoir ramené dans le camp républicain les électeurs Front National...

Bilan des courses ? Le colonel Kadhafi a fini piteusement, lynché dans son propre pays. Bachar el-Assad a passé les habits de boucher de son père et martyrise son peuple depuis un an.

Le bilan est-il "globalement positif", monsieur le président ?

Mais revenons sur quelques détails. Nicolas Sarkozy s'invite en Libye en visite officielle après la libération des infirmières. Il y signe un livre d'or et laisse un message pour la postérité. On sait désormais que se négociaient alors des contrats permettant à un tortionnaire notoire, accessoirement soutien du terrorisme international et frappadingue patenté, defliquer sa population et de mieux torturer les opposants. "L'exportation" des Droits de l'Homme dans les pays "réinsérés" dans le concert des nations, c'est un métier.

Peu après, c'est à Paris que Nicolas Sarkozy recevra en grande pompe le leader Libyen. Rien n'est assez beau pour cet homme qui a un passé notoire de soutien au terrorisme international. Et qui est impliqué dans un attentat ayant fait des dizaines de morts Français.

Le Premier ministre, François Fillon jugeait pour sa part la polémique liée à la visite de Kadhafi à Paris « déplacée ». « Il est légitime que la France entretienne des relations d’Etat à Etat dans le respect du droit international », expliquait-il.

Encore un visionnaire. C'est une marque de fabrique de la droite "décomplexée".

L'Histoire retiendra le soutien aux pouvoirs corrompus et tortionnaires

Justesse de vue encore, lorsque Michèle Alliot-Marie propose au coeur de l'Assemblée Nationale d'envoyer les forces anti-émeutes françaises porter secours aux nervis de Ben Ali. La "politique arabe" de la France est alors au firmament. Tandis que le printemps arabe est en plein décollage, la ministre des affaires étrangères fixe pour l'Histoire, la position de la France face à ces soulèvements : la France soutient militairement les pouvoirs en place, aussi corrompus soient-ils. Car il ne faut pas se tromper de cible : jamais un ministre de la cinquième république ne proposerait d'envoyer des forces françaises (y compris de police) à l'étranger sans l'aval du président... En même temps, Michèle Alliot-Marie avait des relations assez étroites avec le pouvoir en place et entre amis, on se rend service...

L'effet Zébulon aidant, Nicolas Sarkozy sera par la suite capable d'un virage complet en menant la troupe française à l'assaut de Kadhafi, devenu un véritable méchant-méchant après avoir été un méchant-gentil, puis un gentil-gentil. Temps un : on aide le gentil-gentil Kadhafi à pister puis torturer ses opposants. Temps deux, on aide les opposants à se débarrasser du méchant-méchant Kadhafi. Cherchez l'erreur.

Dans un de ses fameux discours écrits par son "nègre" (sinon ce n'est pas écrit en français), le candidat Sarkozy de 2007 était clair :

« Les droits de l’homme sont, pour toutes les démocraties du monde, à la fois un point de départ et un horizon qui se déploie toujours devant eux. La France ne fait pas exception, et il appartiendra au prochain président de lui faire franchir de nouvelles étapes dans la préservation et la conquête des libertés. _Je veux être le Président d’une France qui se sente solidaire de tous les proscrits, de tous les enfants qui souffrent, de toutes les femmes martyrisées, de tous ceux qui sont menacés de mort par les dictatures et par les fanatismes. Le Darfour est un scandale inacceptable, la Tchétchénie une horreur, les infirmières bulgares en Libye, une barbarie, Ingrid Bétancourt dans la jungle colombienne une tragédie. Président de la République, je ne me tairai pas devant ces insultes aux droits de l’homme.__ Je ne passerai jamais sous silence les atteintes aux droits de l’homme au nom de nos intérêts économiques. Je défendrai les droits de l’homme partout où ils sont méconnus ou menacés et je les mettrai au service de la défense des droits des femmes. »_

Longtemps présent sur le site de l'UMP, ce discours semble en avoir disparu. C'est dommage. Les déclarations d'intention, c'est toujours intéressant. Surtout quand on a eu cinq ans pour se confronter à la réalité et à ce que celui qui les a professées en a fait in fine. Et surtout... Lorsque celui qui ne les a pas tenues (il a plutôt fait l'inverse de ce qu'il promettait sur ce point) en fait de nouvelles et redemande la confiance des électeurs.

 

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