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par Antoine Champagne - kitetoa

La méga-crise économique qui menace la France

N'était-il pas mignon François Baroin hier, commentant les résultats des cantonales. Bien sûr, il nous a dit que c'était un mauvais résultat pour l'UMP. Bien sûr il nous a dit qu'il fallait en tirer les conclusions nécessaires. Bien sûr, il nous a dit qu'il ne fallait pas extrapoler et que les élections présidentielles étaient dans treize mois. Et c'est là que cela devient intéressant.

N'était-il pas mignon François Baroin hier, commentant les résultats des cantonales. Bien sûr, il nous a dit que c'était un mauvais résultat pour l'UMP. Bien sûr il nous a dit qu'il fallait en tirer les conclusions nécessaires. Bien sûr, il nous a dit qu'il ne fallait pas extrapoler et que les élections présidentielles étaient dans treize mois. Et c'est là que cela devient intéressant. François Baroin a appuyé sur ce point : la France est dans la bonne direction, nous avons choisi la bonne politique économique. Si l'on se compare à la Grèce, l'Irlande, le Portugal, l'Espagne, nous nous en sortons bien. D'ailleurs, dans les jours qui viennent, le gouvernement va annoncer de bon chiffres macro-économiques et prouver au monde entier que vraiment, nous avons les meilleurs économistes de la planète, que nous avons une vraie marge de manoeuvre avec des déficits qui s'améliorent.

C'est très intéressant. Cela montre que la méthode Coué, qui est désormais la théorie économique officielle de la France est arrivée en haut de sa courbe exponentielle.

Souvenez-vous, Nicolas Sarkozy ne comprend rien à l'économie :

« inutile de réinventer le fil à couper le beurre. Toutes ces théories économiques… moi-même, parfois je suis un peu perdu. Ce que je veux c’est que les choses marchent »

C'est du moins ce qu'il indiquait, détendu, en juin 2007. Rassurant, à l'orée de la plus grave crise économique et financière que le monde ait connu depuis des dizaines d'années.

Donc, à en croire le porte-parole du gouvernement, nous voilà sauvés. Et très autonomes. Nous faisons mieux que les autres et ça va se voir. La méthode Coué a du bon. Si ça se trouve, Nicolas Sarkozy et son équipe obtiendront le prix Nobel d'économie cette année.

Enfin... Pas sûr.

Pourquoi ? Parce que la France, comme les autres pays sont à la veille d'une vraie bonne grosse crise économique.

L'Europe est aujourd'hui plus près du gouffre que jamais. La Grèce est tombée il y a maintenant plusieurs mois. Le sauvetage européen n'a eu qu'un temps et les CDS de la dette grecque sont au dessus de leur niveau d'avant crise. Ce qui démontre clairement que personne ne croit que ce pays soit sorti de ses soucis. L'Irlande n'est pas en meilleur position et l'on annonce aujourd'hui que la BCE pourrait ouvrir de nouvelles lignes de crédits à ses banques qui, bien qu'elles aient été "sauvées" par l'Europe, sont visiblement toujours très mal en point. A l'époque de l'appel à l'aide de l'Irlande, Christine Lagarde, la meilleure économiste de France et accessoirement, meilleure gaffeuse, expliquait à l'AFP (novembre 2010) :

que l'UE et le FMI avaient adressé un "message très fort" aux marchés, apportant la "garantie" nécessaire pour "écarter" le risque d'un effondrement des banques irlandaises.

Bien vu. En dépit d'un soutien massif à des banques qui avaient passé tranquillement les stress tests européens (démontrant quelques mois plus tard le côté farce de ces tests), celles-ci sont toujours au bord de la faillite.

Le Portugal s'écroule et il ne manquera pas de faire appel à l'aide européenne dans peu de temps. Ce qui entrainera immanquablement l'Espagne dans son sillage. Pour ceux qui suivent un peu l'évolution de l'Espagne, ce n'est pas une possibilité, c'est une certitude. Ce n'est simplement qu'une question de temps.

La zone Euro est donc à la veille d'une crise existentielle claire et nette alors que l'on martelait depuis des mois que ce risque était écarté. Il n'est pas question ici d'être pro ou contre l'euro. Il s'agit juste d'un constat dépassionné se basant sur des fondamentaux macro-économiques.

Ajoutons à cette situation déjà riante le fait que le Japon est aujourd'hui dans une situation très délicate. Il est donc improbable qu'il décide de venir en aide, comme annoncé précédemment, de la monnaie européenne.

Normalement, lorsqu'un pays fait faillite... il ne fait pas faillite. Cela n'est jamais arrivé. Et cela n'arrivera pas. Dans ce cas ultime, les banques centrales du monde entier, parfois, les plus inattendues, viennent à son secours. Le Japon et la Chine avaient annoncé leur intention de contribuer à sauver l'Europe, bonne cliente de leurs exportations. C'était avant le Tsunami.

Maintenant, tournons-nous un peu vers la politique économique choisie par les politiques pour sauver l'Europe. Ils décident de politiques d'austérité drastiques. Moins de dépenses, plus d'impôts (pour les classes moyennes, pas pour les plus riches, il ne faut quand même pas exagérer).  Bilan des courses dans quelques mois/années ? Une très belle crise économique assurée. Une croissance molle (au mieux) ou négative (plus probablement). Une inflation évidente car en dépit de leurs dénégations, les politiques font tourner la planche à billet à fond depuis des mois. Et surtout, des mouvements sociaux corsés. C'est ce qui s'est passé hier, avec un peu d'avance sur le timing des autres pays, en Grande Bretagne où quelque 500.000 sujets de sa majesté ont exprimé leur mécontentement face aux politiques d'austérité.

François Baroin a insisté hier : en un an, il peut se passer beaucoup de choses et cela peut changer la donne pour les élections présidentielles. Si l'on voulait être un peu plus pessimiste encore, on ajouterait que dans une situation telle qu'elle se présente, c'est à dire totalement opposée à ce que François Baroin attend sur le plan économique, l'option Front National en tête aux élections présidentielles, y compris au deuxième tour, n'est pas si incongrue que cela.

 

 

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