Journal d'investigation en ligne et d'information‑hacking
par Yovan Menkevick

La BCE, ta mère et Bilderberg

(Oh, hé, on arrête de délirer deux minutes là, on ne s'emballe pas, on reprend ses esprits : le rachat de dette par la BCE était attendu depuis des mois, demandé à corps et à cris par les technocrates-oligarques, et cette nouvelle permission ne change rien à la donne. Lancé à 180 km à l'heure tu appuies sur les freins tout en laissant ton pied appuyé à fond sur la pédale d'accélérateur alors que le mur est à 30 mètre, il se passe quoi ?

(Oh, hé, on arrête de délirer deux minutes là, on ne s'emballe pas, on reprend ses esprits : le rachat de dette par la BCE était attendu depuis des mois, demandé à corps et à cris par les technocrates-oligarques, et cette nouvelle permission ne change rien à la donne. Lancé à 180 km à l'heure tu appuies sur les freins tout en laissant ton pied appuyé à fond sur la pédale d'accélérateur alors que le mur est à 30 mètre, il se passe quoi ? Un gros crissement de frein, de la fumée noire et une caisse qui se jette sur le mur en y arrivant à 160. Mais dans un mur, qu'on y arrive à 160 km/h ou 180, ça change quoi ? Petite mise au point et état des lieux du grand bazar économique et politique en cours.)

Il est toujours amusant de voir la crédulité du plus grand nombre l'emporter quand l'analyse du pourquoi-on-en-est-arrivé-là est à la mode :   le système en place ne serait que la conséquence de choix idéologiques plus ou moins judicieux, d'incompétences vaguement matinées d'arrivisme, de suivisme et d'arrogance, enfin bref : les dirigeants seraient juste des cons bornés, seulement intéressés par l'argent facile et une vision à court termes. En réalité, cette analyse de surface est tout à fait intéressante, mais pour ceux qui tirent les ficelles politiques et économique : il vaut mieux en réalité passer pour un abruti borné, un peu faible, que pour un machiavélique calculateur qui se goinfre sur le dos des peuples…et permet à un système opaque, mafieux et profondément injuste de se perpétuer.

La BCE, ta mère : une accroche facile…surtout la BCE

Parce qu'on s'en fout de ce que fait ou pas la BCE : cette banque centrale indépendante n'est qu'un montage artificiel pour "superviser' la monnaie franco-allemande, l'euro. La BCE ne fait rien depuis sa création, absolument rien, et n'a de toute manière aucune vocation à faire quoi que ce soit, si ce n'est de gentiment conserver les taux directeurs d'emprunts des banques à un taux ni trop haut ni trop élevé. Quant à ta mère, il est probable que tout ça la dépasse, ce qu'on peut comprendre.  Reste Bilderberg. Nous allons y venir, mais avant, un petit extrait du dernier bouquin de Michel et Monique Pinçon-Charlot, "L’argent sans foi ni loi", qui va éclairer notre lanterne sur l'état de l'économie et de la politique dans le monde et plus particulièrement en Europe :

"Lorsqu’un client demande à sa banque un crédit de 200 000 euros pour acheter un appartement, cela ne signifie pas que la banque va chercher de l’argent dans ses coffres : elle crée 200 000 euros par une simple écriture comptable."

C'est important ça, bon à  savoir. L'argent n'existe pas, seule la dette existe. La BCE, c'est du flan. Et puis surtout, dans le même temps, et nous vous en avons beaucoup parlé sur Reflets, il y a comme un problème avec des produits financiers complexes qui s'échangent en haute-fréquence et chamboulent les économies sans rien créer :

"Les transactions sur les produits dérivés et les autres produits financiers spéculatifs ont été 74 fois plus importants que le PIB mondial en 2008 (15 fois en 1990). Les grandes banques françaises consacrent aujourd’hui 80% de leur potentiel à la spéculation et seulement 20% à la gestion des dépôts, salaires et pensions de leurs clients ordinaires. Les « riches » prennent bien soin, cela dit, d’investir aussi dans l’économie réelle. C’est pourquoi, par exemple, ils n’ont pas souffert de la crise des subprimes qui a ruiné les classes moyennes étatsuniennes."

Allo, la Terre ? Des transactions sur les produits dérivés 74 fois plus importante que  le PIB mondial ? 80% d'activité spéculative des banques ? Comme dirait l'autre, y'a une couille dans le potage, et on est pas sortis de l'auberge…

Tout le monde a suivi la problématique des spéculations sur les dettes souveraines qui est déclarée comme une "crise", alors qu'en réalité il n'y a que des titrisations pourries qui ont contaminé le système bancaire et embarqué l'Europe dans une surenchère révélant les faiblesses structurelles de l'union monétaire. Mais tout ce montage, savamment concocté depuis le début des années 70 (voir les origines de la crise), qui a profité à quelques uns dont nous avons une brochette représentative assez conséquente dans les sphères du pouvoir politique et des spécialistes de la rente, n'est pas innocent. D'ailleurs, en pleine "crise" des dettes souveraines, il suffit d'aller consulter les statistiques pour se rendre compte que si les populations souffrent économiquement, les classes dirigeantes et les rentiers du capitalisme mondialisé vont très bien. Et ils n'iront pas mal, au contraire, même si le casse-gueule à venir, très prévisible, se révèle être ce qu'il est : un crash mondial.  Pourquoi ? Parce que les décisions ou non-décisions politiques des plus grandes puissances mondiales sont discutées en dehors de tout débat démocratique, en petit comité, avec des informations de première main qui permettent à tout ce beau petit monde de laisser venir et orienter dans le sens qui les avantage.

Mais qu'est ce que c'est ce discours ? Un complot , une conspiration ou quoi ?

Allez, il est toujours très pratique de venir balayer toute analyse politique embarrassante en traitant ceux qui tentent de comprendre avec des outils gênants,  d'adeptes du conspirationnisme. Sauf que des réalités têtues viennent contrecarrer les explications sympathiques des foules qui continuent à croire qu'une opposition politique et des choix gouvernementaux peuvent être en cause dans le grand bazar qui nous entoure. Les sociologues cités plus haut, qui travaillent depuis des années sur les sphères des plus riches amènent une petite analyse intéressante sur ce sujet de la complicité des élites, quelles qu'elles soient :

"La raison pour laquelle les dirigeants des grandes entreprises sont désormais à la fois excellemment bien rémunérés et, en même temps au service étroit des intérêts des actionnaires, c’est que, justement, une bonne partie de leur rémunération est versée sous forme d’actions, pire de stock-options. Leur intérêt n’est pas la santé objective des entreprises qu’ils dirigent – et évidemment pas celle du « capital humain – mais leur valeur en bourse. Il leur faut donc, sans même nécessairement créer de la richesse, baisser le « coût » du travail, pousser les gouvernants à réduire les déficits et équipements publics. Ces gouvernants, sociaux-démocrates au premier chef (la Bourse ne s’est jamais aussi bien portée que sous le gouvernement Jospin en 2000), font le « sale boulot » en détruisant les protections sociales, en réduisant légalement les droits des travailleurs, en privatisant les biens publics. Ils sont pilotés par des structures plus ou moins formelles comme le Forum de Davos, le groupe de Bilderberg où la Commission trilatérale. Commission fondée en 1972 à l’initiative du banquier et industriel David Rockefeller, elle fut longtemps dirigée par le conseiller de Jimmy Carter Zbigniew Brzezinski, proche de Henry Kissinger. Parmi ses membres français, on compte François Bayrou, Nicolas Beytout, Patrick Devedjan, Laurent Fabius, Henri Proglio, Hubert Védrine (membre du CA de LVMH, comme son « camarade » socialiste Christophe Girard), Élisabeth Guigou (http://vigiinfos.canalblog.com/archives/2012/05/30/22788584.html) "http://vigiinfos.canalblog.com/archives/2012/05/30/22788584.html)"). Cette dernière retrouve Mario Monti, Michel Barnier ou Pascal Lamy au conseil d’administration du think tank des Amis de l’Europe." 

Et en France, on n'aime pas parler de ces groupes dont de nombreux membres ou dirigeants sont Français : tout ça c'est de la théorie du complot, hein ? Un petit extrait pour conclure et laisser une réflexion s'opérer, tirée d'un blog de chercheurs du courrier international. Attention, ça énerve… :

Le 31 mai 2012 commence à Chantilly (Virginie, Etats-Unis), à une quarantaine de kilomètres de la Maison Blanche, la rencontre de Bilderberg de cette année. Le cercle de Bilderberg se définit lui-même toujours comme un « forum Européen - Américain », et c'est sans doute sa principale spécificité par rapport à la Commission Trilatérale dont la réunion annuelle a eu lieu à Tokyo il y a un peu plus d'un mois. Sous la présidence du PDG d'AXA Henri de Castries, environ 145 participants sont annoncés au Bilderberg de 2012 dont la durée est prévue jusqu'à dimanche. Un article du 31 mai du Huffington Post porte le titre « Bilderberg 2012: Global Leaders Gather For Shadowy Conference At Virginia Hotel », évoquant des mesures sécuritaires sans précédent alors que The Guardian écrit « Bilderberg 2012 : the technocrats are rising at this year's annual conference »et mentionne en même temps l'activité de la CIA devant la création d'un collectif Occupy Bilderberg. Le 31 mai également, le site de Daniel Estulin diffuse une note intitulée « Bilderberg is 'a conspiracy reality' » qui renvoie à son tour à une interview de cet auteur avec WND. Mais de leur côté, les médias français restent incroyablement silencieux sur cette rencontre que préside pourtant un influent PDG français ami personnel de François Hollande et à laquelle participe, en tant que directeur général de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC), le « socialiste » français Pascal Lamy. Ou encore, Anousheh Karvar (CFDT,Terra Nova...). Au même moment, la Commission Européenne vient de mettre en ligne ses « Recommandations pour la stabilité, la croissance et l'emploi » pour la période 2012-2013. Parmi les membres d'instances de l'Union Européenne participant à la rencontre de Bilderberg de 2012, on trouve : le vice-président de la Commission Européenne et Commisssaire Européen à la Concurrence Joaquín Almunia, le Commissaire Européen au Commerce Karel de Gucht, la Commissaire Européenne chargée de la Société Numérique Neelie Kroes et le Secrétaire général exécutif du Service Européen pour l'Action Extérieure Pierre Vimont. De quoi, concrètement, discutera-t-on à Bilderberg en rapport avec la situation des pays de l'Union Européenne ? Quels intérêts guideront ce débat ?

Oui, oui, "les médias français restent incroyablement silencieux sur cette rencontre que préside pourtant un influent PDG français ami personnel de François Hollande et à laquelle participe, en tant que directeur général de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC), le « socialiste » français Pascal Lamy " : on se demande bien pourquoi ?

Il faut lire la suite de l'article, très intéressante sur les décisions de la commission européenne et ses préconisations, reliées aux réunions de Bilderberg et de la Trilatérale: http://science21.blogs.courrierinternational.com/archive/2012/05/31/bilderberg-2012-quels-objectifs-i.html

Et puis arrêter de croire qu'on est en démocratie, que voter a un quelconque intérêt…

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