Journal d'investigation en ligne et d'information‑hacking
par Antoine Champagne - kitetoa

#HKProtest : comment accéder aux échanges des manifestants depuis n'importe où dans le monde

Quel organe de presse n'a pas vanté cette semaine cette application fantastique Firechat, qui plus est, française, oui monsieur ? Le Monde, Le Monde Informatique, on en passe. Tout le monde au garde-à-vous pour saluer cette app qui permet aux opposants à Hong Kong de "contourner la censure". Une vraie réussite française.

Quel organe de presse n'a pas vanté cette semaine cette application fantastique Firechat, qui plus est, française, oui monsieur ? Le Monde, Le Monde Informatique, on en passe. Tout le monde au garde-à-vous pour saluer cette app qui permet aux opposants à Hong Kong de "contourner la censure". Une vraie réussite française. Personne ne s'est demandé pourquoi l'appli fonctionne toujours à Hong-Kong alors qu'il suffit d'une pile de 9 volts, d'un CDROM et d'un fil de cuivre pour brouiller les communications ? Les autorités locales ont probablement tout intérêt à ce que les communications via Firechat continuent.

Que les journalistes se trompent, cela peut se comprendre. Qu'ils ne s'interrogent pas sur le discours marketing en or que leur servent une entreprise et les autres médias, c'est un peu plus inquiétant. Qu'ils n'interrogent pas les spécialistes du sujet, c'est dommage. Notre métier, le journalisme, consiste justement à toujours remettre en question la communication, la "belle histoire". Pour ce faire, n'ayant pas la science infuse, nous sommes obligés d'aller questionner les experts. Puis, nous écrivons un article lisible et compréhensible par tous nos lecteurs. L'humilité, la prise de recul devraient guider nos pas. Ce n'est visiblement pas toujours le cas. L'histoire Firechat le démontre à nouveau.

L'article de Bluetouff a mis en lumière la fuite de données sur le site même d'Opengarden. Depuis Paris, n'importe qui peut "écouter" les conversations de (par exemple) l'incongrue Manif pour tous. Demain, la police pourra identifier les auteurs de deals d'extas sur un festival techno. Merci Opengarden.

De rien, c'est un plaisir :

Mais ce n'est pas tout. Depuis Paris, toujours, n'importe qui peut "écouter" les discussions et récupérer des informations techniques importantes concernant les opposants à Hong-Kong. Et pourquoi pas en Syrie, en Irak ?

Voici donc la méthode.

1°) s'armer d'un navigateur,2°) utiliser un proxy à Hong-Kong ou un VPN sortant dans l'île.3°) se connecter sur le site d'Opengarden.4°) pleurer.

Nous attendions bien sûr les commentaires d'experts de la privacy et des zinternets après l'article de Bluetouff et de celui-ci. Sur le mode "ce n'est pas très grave, il n'y a pas de données identifiables simplement", etc.

Mais c'est du patron d'OpenGarden que les commentaires les plus étonnants sont arrivés. Comme à notre habitude, nous procédons par étapes. En nous basant sur la doctrine Usenet de Guillermito : "dans quelques lignes, vous allez être ridicule".

Notez que ceci est notre deuxième article sur le sujet. Il y en aura d'autres. Probablement autant que de réponses tentant d'excuser le comportement inqualifiable d'Opengarden.

Popcorn someone ?

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