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par bluetouff

HADOPI : publication d'une étude appuyant la reconnaissance des échanges non-marchands

Nous vous en avions parlé il y a encore peu, la Haute Autorité n'entend pas disparaître sans lancer un joli pavé dans la mare : celui de l'abolition de la prohibition culturelle à l'heure du numérique. Occupant une position privilégiée en tant qu'observatoire des usages en matière d'échanges de contenus culturels sur Internet, l'HADOPI vient tout juste de publier une étude, signée de son Département Recherche, Études et Veille (DREV) qui enfonce le clou.

Nous vous en avions parlé il y a encore peu, la Haute Autorité n'entend pas disparaître sans lancer un joli pavé dans la mare : celui de l'abolition de la prohibition culturelle à l'heure du numérique. Occupant une position privilégiée en tant qu'observatoire des usages en matière d'échanges de contenus culturels sur Internet, l'HADOPI vient tout juste depublier une étude, signée de son Département Recherche, Études et Veille (DREV) qui enfonce le clou. Et il y a des choses très intéressantes dans ce rapport qui revient sur les différents usages, les modalités de partage ou d'échanges, les différents modèles, centralisés ou au contraire complètement décentralisés. Il est intéressant de voir que le DREV porte un regard sur l'avenir en matière de technologies pour appuyer que la lutte contre les échanges non marchands est une lutte d'un autre âge, vouée à l'échec.

Du FTP au Cyberlockers (Direct Download), en passant par le P2P, le F2F, les “UGC”( espaces à vocation communautaire qui sʼappuient sur des contenus publiés par les visiteurs comme Youtube, Dailymotion, Vimeo), les Newsgroups, le ripping de stream, les réseaux sociaux et même les emails, le DREV démontre à quel point les usages des internautes sont résilients en matière d'échange. Il ne manque dans l'inventaire peut être que le Beer to Peer...

Centralisation = écosystème propice aux intermédiaire captant de la valeur

Mais ce n'est pas encore là le plus intéressant, c'est quand on aborde les tableaux comparatifs de ces usages que l'on s'aperçoit assez nettement que plus ils reposent sur un modèle centralisé, plus ils ont tendance à concentrer un écosystème d'intermédiaires pouvant dégager des profits. Et c'est bien le message que semble vouloir ici faire passer la Haute Autorité qui s'arrache les cheveux depuis plus de trois ans pour trouver une formule équitable de rémunération de la création, là où les ayants droits s'agrippent stupidement à leur catalogue au détriment de la rémunération de la création elle-même.

Gratuité, Légalité, Fraternité

Second point très intéressant, si la majorité des internautes qui accède à des œuvres réclame la gratuité dans l'accès et le partage, la seconde notion au coeur des préoccupations de ces internautes est la légalité de cet accès et du partage de la culture. Peut être l'un des effets positifs de l'HADOPI qui aura sensibiliser les internautes sur le fait que savoir passer entre les mailles du filet de la surveillance d'un TMG est un bien piètre motif de satisfaction : oui l'échange non marchand devrait être parfaitement légal, parfaitement reconnu.

Please define communauté d'échange non marchand

Entre échange, mise à disposition altruiste, et mise à disposition dans le but de dégager des profits, la Haute Autorité semble vouloir se fixer des critères objectifs pour prouver qu'un modèle de rémunération de la création juste est possible et qu'il ne passe pas forcément par une "licence globale" financée par les partageurs eux mêmes. Cette idée est excellente, car elle part d'un constat sans appel : les internautes partageurs créent la valeur des œuvres qu'ils partagent ! Chère HADOPI, ok, c'est un peu tard, mais bienvenue sur Internet !

La valeur d'un bien culturel se mesure surtout à son partage

Émanant d'une étude de la Haute Autorité qui est devenue un symbole mondial de la lutte contre le téléchargement, c'est là une bien belle conclusion, un retour aux fondamentaux d'Internet : le partage, la copie de fichiers, c'est la définition même d'Internet, c'est même ce qui fait sa valeur et donc, la valeur des œuvres et informations qui y sont échangées. Plus une information tourne sur le Net, plus on peut considérer qu'elle a de la valeur... la loi de Metcalfe que l'on applique au réseau est parfaitement transposable aux contenus qui y circulent.

Que de chemin fait par la Haute Autorité depuis le vote d'un texte stupide et inapplicable qui reposait sur des mensonges.

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