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par bluetouff

FTTH et THD : l'enfumage de l'ARCEP continue !

Il y a des sujets récurrents que nous abordons sur Reflets, les mensonges de l'ARCEP sur le déploiement du THD, de la fibre optique, et la place de la France dans le monde, en sont un parmi tant d'autres.

Il y a des sujets récurrents que nous abordons sur Reflets, les mensonges de l'ARCEP sur le déploiement du THD, de la fibre optique, et la place de la France dans le monde, en sont un parmi tant d'autres. Et puisque son président, Jean-Ludovic Silicani persiste et signe, prenant les internautes pour de gros imbéciles, Reflets lui renvoie la politesse en exposant publiquement ces faits et ces chiffres qu'il dissimule soigneusement pour faire mousser son institution qui n'est plus que l'ombre d'elle même depuis sa prise de fonction.

Pourquoi Reflets pas content ?

Dans un article très bien documenté intitulé "Très Haut Débit : la France en retard, ou pas  », Pierre Col revient sur les déclarations, mensongères, du président de l'ARCEP.

Selon Jean-Ludovic Silicani :

« la France se place, certes derrière la Corée, le Japon ou les Etats-Unis, mais au premier rang des pays européens , y compris les pays scandinaves , pour les nombre de logements éligibles au FttH/FttB. ».

Dans cette première affirmation du président de l'ARCEP, il faut bien lire entre les lignes (les mots en gras) pour s'apercevoir qu'elle en veut strictement rien dire, chez nous, nous appelons ça une "gadgetophrase ».

Attention, désenfumage :

On appelle très haut débit aussi bien la vraie fibre optique (le FttH), que la fibre CanadaDry® de Numericable (ou le FttB qui n'est pas de la fibre jusqu'à l'abonné, mais du bon vieux cuivre assurant les derniers mètres, et surtout avec une bande passante en envoi de données parfaitement ridicule, soit 5 mégas qui ne suffisent même pas assurer le débit descendant annoncé de 100 mégas). Nous allons voir plus loin que si la France est NULLE en terme de taux de pénétration du FttB, elle est carrément RIDICULE en matière de taux de pénétration du   FttH, et INEXISTANTE en matière de vrai très haut débit, version 2012 (à savoir un réseau fibré en gigabit, comme on le déploie maintenant dans les pays où on parle de très haut débit de manière sérieuse).

Jean-Ludovic Silicani appuie son raisonnement sur une affirmation bien merdique, c'est à ce moment précis qu'il nous prend pour de vrais cons, en affirmant que le nombre de logements éligibles au FttH/FttB est plus élevé que dans les pays scandinaves. Attention, en exclusivité mondiale, Reflets.info dévoile des données démographiques capitales à l'ARCEP :

  • France : 65,3 millions d’habitants
  • Suède : 9,4 millions d'habitants
  • Norvège : 4,9 millions d'habitants
  • Danemark : 5,3 millions d'habitants

Monsieur le président à vue de nez, vous venez de tirer gloriole d'une donnée purement démographique impactant le nombre de logements tout court, éligibles ou non au très haut débit, attendu qu'il y a plus de foyers en France que dans tous les pays scandinaves réunis... bien joué.

Quand Jean-Ludovic Silicani se lance dans le détail de l'explication de sa première affirmation, le président de l'ARCEP, non content de nous prendre pour des crétins, marque le pas dans ce qui touche carrément au summum de la démagogie :

« Le retard ne porte donc pas sur  le pourcentage de foyers éligibles  au très haut débit, qu'il faut bien sûr continuer à augmenter, mais sur celui  des abonnements effectifs : 10 % seulement environ des foyers éligibles s'abonnent. On connait  la raison : la très bonne qualité de l'ADSL  et la  faible promotion des offres très haut débit par les opérateurs jusqu'en 2011. Les premières campagnes n'ont commencé qu'en 2012. Mais ayons en tête que le Japon a mis 10 ans pour atteindre 50% de foyers abonnés. »

Là encore, les mots valent leur pesant de cacahuètes, car ils dissimulent des faits parfaitement connus de l'ARCEP.

Attention, désenfumage (Acte 2) :

On appelle déploiement horizontal la pose des fibres jusqu'aux immeubles ; On appelle déploiement vertical le fait que l'opérateur FASSE LE NECESSAIRE dans l'immeuble et chez l'abonné pour couvrir les derniers mètres.

Les deux déploiements sont nécessaires pour qu'un abonné puisse ENFIN appeler son opérateur pour lui demander gentiment "Monsieur mon gentil opérateur, est-ce que tu peux m'envoyer technicien pour me poser une prise optique à la maison afin que je puisse enfin avoir du très haut débit ? Comme ça tu pourras gagner plus de sous avec les 14 flux de p0rn HD que je vais pouvoir me matter" (avec une petite subtilité pour FttB si votre immeuble bénéficie déjà du câble, ce qui explique l'hégémonie de la fibre CanadaDry® de Numéricable... mais ce n'est pas le débat).

Mais voilà, comme les derniers mètres sont les moins rentables pour les fournisseurs d'accès, et attendu que les opérateurs se font la course à la zone de couverture POTENTIELLES, mais surtout pas aux RACCORDEMENTS, il est IMPOSSIBLE pour l'immense majorité des foyers SOIT DISANT couverts par le THD, d'en bénéficier de manière effective.

Quand monsieur Silicani affirme :

"Le retard ne porte donc pas sur  le pourcentage de foyers éligibles  au très haut débit,"

il se paye une fois de plus la tête des internautes, car quand il prononce le mot "éligibles », il parle en fait de foyers "à côté desquels on (l'ARCEP) pense qu'il y a une fibre pas loin, mais c'est pas sûr" et certainement pas des foyers situés dans des bâtiments où le déploiement vertical est EFFECTIF.

On entre ensuite dans la partie la plus insultante pour l'intelligence des internautes français, un chef d'oeuvre de masturbation pseudo intellectuelle visant à se glorifier d'une technologie (l'ADSL), certe française et rentable pour les opérateurs... Mais périmée depuis 10 ans. Pointer du doigt les internautes qui se contentent  de leurs débits de merde, c'est pas très sport... ben oui c'est les internautes les cons, c'est bien connu, ce ne sont pas les opérateurs qui sont cupides à leur détriment.

"On connait  la raison : la très bonne qualité de l'ADSL  et la  faible promotion des offres très haut débit par les opérateurs jusqu'en 2011."

Rappel des faits :

L'ADSL est une technologie s'appuyant sur le réseau téléphonique qui présente plusieurs inconvénients de taille :

  • L'incapacité de garantir des débits : plus l'abonné est loin de son noeud de raccordement abonné (NRA), plus son débit s'atténue naturellement, ainsi les opérateurs vendent de l'ADSL 2+ annoncé pour 24 mégabits, mais en France, le débit moyen est seulement de 8 mégabits (chiffres 2011, source Ariase), toutes technologies confondues. L'upload en France (le débit en émission), est, au niveau européen, à classer dans la catégorie des débits de cancéreux en phase terminale.
  • L'ADSL 2+ (la plus répandue) est une technologie qui offre des débits asymétriques (24 mégas en débit descendant, et 1 mégas en débit montant). Cette technologie et cette asymétrie sont un choix historique, c'était soit ça, soit 2 mégas dans les 2 sens. Et comme France Telecom accusait certainement une petite nostalgie du Minitel pour broadcaster sa VOD, le choix a été vite fait...
  • En ce moment, les opérateurs FREINENT les déploiement verticaux de fibre optique en prévision de la commercialisation du VDSL2 prévue pour 2013. Bref, on rentabilise une fois de plus le cuivre vache à lait en optant pour une technologie toujours incapable de garantir des débits corrects aux personnes qui ont le malheur de ne pas coucher dans la salle de dégroupage de leur opérateur. On ne manquera pas d'observer la réaction de l'ARCEP, qui, en 2014, nous pondra sûrement un communiqué de presse expliquant que la France est championne du monde du VDSL2. Mais avant que cette prophétie ne se produise, sachez que (selon Wikipediafin 2011 la couverture du territoire belge en VDSL2 était de 78,9 %! Toujours selon Wikipedia : "En 2010, l'offre commerciale permet d'obtenir 30 Mbit/s à moins de 400 m, 20 Mbit/s entre 400 m et 700 m, 16,5 Mbit/s entre 700 m et 1000 m et 12 Mbit/s jusqu'à 1400 m du cabinet de rue (Remote Optical Platform, ROP) et depuis juin 2011 les utilisateurs se trouvant a moins de 300 m peuvent obtenir du 40 Mbit/s voir du 50 Mbit/s lorsque le DLM ( Dynamic Line Management) est activé sur la ligne  ».

Les faits étant clairement exposés, avec un débit moyen de 8 mégabits, avec des déploiements verticaux au point mort depuis des années, avec le blocage volontaire des fournisseurs d'accès qui cherchent à rentabiliser une fois de plus leurs paires de cuivre, avec des plans de couverture de la fibre qui ne couvrent  QUE les zones denses, en agglomération, là où les débits moyens sont DÉJÀ  les plus élevés... Monsieur Silicani, pouvez vous nous redire une fois de plus que la raison de notre taux de pénétration du très haut débit, l'un des plus ridicules d'Europe, est le résultat de "_la très bonne qualité de l'ADSL   » _.

Monsieur le président, ne bougez pas, ce n'est pas terminé... les autres, sortez le popcorn.

Quand Reflets pas content, lui toujours te cracher des faits in your face

L'ARCEP qui se congratule publiquement et se tape sur le bide d'expliquer que la France est  «  au premier rang des pays européens, y compris les pays scandinaves, pour le nombre de logements   éligibles  au FttH/FttB" dissimule, donc ment par omission, les chiffres d'abonnés effectifs, disposant de la fibre ou du très haut débit chez eux. Et là, vous allez voir que c'est non seulement tout de suite moins glorieux, mais qu'en plus de ça, l'ARCEP n'est pas tout à fait étrangère à la nullité de la France en terme de taux de pénétration du très haut débit.

Passons aux chiffres (les vrais, ceux de vrais raccordés au THD, et à la fibre optique). Ces chiffres proviennent du FTTH Council of Europe qui fait autorité sur la question et ils tournent en ridicule les affirmations de Jean-Ludovic Silicani.

Voici maintenant les chiffres au niveau mondial pour 2012 du taux de pénétration du très haut débit (c'est à dire des gens qui en bénéficient réellement et non le "nombre de prises" (des chiffres plus qu'hypothétiques attendu que le déploiement vertical on l'attend toujours) revendiquées par les fournisseurs d'accès SANS AUCUNE VERIFICATION DE L'ARCEP ).

La France est un tiers monde numérique : en 26e place (sur 30), entre la Turquie et la République Tchèque, avec un taux de pénétration du très haut débit d'environ  2,5%. Au niveau européen, la France est... 17e ! Mais ce n'est pas tout... si vous m'avez bien lu, vous venez de comprendre que si on commence à parler de vraie fibre optique, du FttH, la France n'intègrerait même pas ce classement attendu qu'une immense majorité des raccordés le sont par la "fibre" CanadaDry® de Numéricable... en cuivre donc.

  • En bleu sont représentés les taux de pénétration du FttH : la vraie fibre optique, celle qui arrive chez vous avec une bande passante en envoi de données symétrique (sauf en France) équivalente à celle de la réception de données. On voit bien sur ce graphique que les pays mentionnés sur ce classement et positionnés derrière la France, comme l'Italie, on un taux de pénétration de "vraie fibre", infiniment plus élevé qu'en France, une spécificité de chez nous que nous nommerons pudiquement "Ze Miserycable Effect".
  • En orange sont représentés les taux de pénétration du FttB, et le FttB c'est 90% des raccordés à ce qu'on ose appeler du très haut débit à l'ARCEP...

Petites questions s'adressant à Monsieur Silicani pour qui "toutvabien®" :

  • Pouvez vous nous expliquer une fois de plus, sans trembler des genoux, que la France n'est pas en retard ?
  • Et par rapport aux pays scandinaves ? On est où ?
  • Et par rapport au Portugal par exemple ? On est où ?

On a pas de pétrole, on a pas de fibre et en plus on a pas d'idées

Pour conclure son article, Pierre Col pose deux questions, questions auxquelles nous allons tenter de répondre :

  • Et vous, pensez-vous que le déploiement de la fibre optique a pris du retard en France ?

Pas vraiment la peine de revenir là dessus, je pense que tout le monde aura compris la réalité du déploiement du très haut débit en France, nous sommes NULS À CHIER. 26e au niveau mondial, 17e au niveau européens, on peut parler de retard, et c'est un euphémisme. En matière de numérique, la France est bien plus en avance pour vendre des armes électroniques à des pays pas franchement démocratiques que pour déployer de la fibre sur son territoire et assurer à ses entreprises une compétitivité sur le plan international.

  • Si oui, un changement de méthode pourrait-il permettre de le combler ?

C'est la question la plus intéressante soulevée par Pierre Col, car il est évident qu'il y a bien un problème de méthode. En 2009, sur bluetouff.com, je lisais dans ma boule de cristal qu'en 2012, moins de 500 000 foyers seraient raccordés au très haut débit. J'avais malheureusement raison. Ces réflexions s'appuyaient sur une critique acerbe du fameux Plan Numérique 2012, le torchon de foutaises que nous avait promis notre ministre Besson.

Que faire ?

  1. Proposition 1 : C'est peut être là que nous allons vous surprendre, mais il nous semble évident que si l'ARCEP est à ce jour une autorité fantoche, tout juste bonne à demander aux opérateurs si leur "internet fonctionne bien" et à consigner sur son rapport annuel "ok tout va bien on est champions du monde", c'est qu'elle n'a pas les moyens humains et juridiques d'être ce qu'elle prétend être, à savoir un gendarme des Telecoms. Quand un opérateur, contre ce qui a été convenu dans les politiques publiques, persiste à rentabiliser ses produits vache à lait en freinant des 4 fers tout investissement, ce au détriment des usagers, l'ARCEP ne peut rien faire car aucun texte de loi ne lui permet d'agir.
  2. Proposition 2 : Pire, et c'est bien là la plus belle bêtise qui a été faite, LE point sur lequel l'ARCEP aurait du taper du poing sur la table, la politique française de déploiement du THD ne portant que sur les zones densément peuplées est le résultat de la position dominante des opérateurs face à l'ARCEP et aux pouvoirs publics. Les opérateurs ont souhaité rentabiliser la fibre avant même d'investir, et ils l'ont fait d'une manière bien stupide, en apportant de l'Internet qui fonctionne mieux là où ça fonctionnait déjà bien (dans les grandes agglomérations où la majeure partie des abonnés est à moins de 2 kilomètres de leur noeud de raccordement, et donc avec des débits déjà confortables, du moins suffisant pour regarder la VOD de leur opérateur)  au lieu d'apporter de l'Internet qui fonctionne tout court là où ça ne fonctionne pas du tout, à savoir dans les zones rurales.
  3. Proposition 3 : Aujourd'hui, voir l'ARCEP pointer du doigt les internautes qui ne veulent pas passer de leur débit moyen de 8 mégas à de la fibre 100 mégas, pour toutes ces raisons, ne nous est pas supportable. Attendu qu'il y a l'ARCEP des personnes compétentes qui ne se permettraient pas de prendre les internautes pour des crétins comme l'a fait Monsieur Silicani avant hier, notre dernière proposition serait que ce dernier remette sa démission, et vite.
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