Journal d'investigation en ligne et d'information‑hacking
Édito
par bluetouff

#FNCM2014 : la nausée culturelle

Aujourd'hui se tenait à Deauville la 3e journée du 69ème Congrès de la Fédération Nationale des Cinémas Français. Cette dernière s'inscrit dans un contexte particulier puisque l'HADOPI a aujourd'hui concentré de virulentes attaques. Mais à l'époque où nous, internautes, nous battions contre un texte de loi absurde et inapplicable (nous en avons aujourd'hui la preuve), nous avions la dignité de ne pas nous attaquer à des personnes.

Aujourd'hui se tenait à Deauville la 3e journée du 69ème Congrès de la Fédération Nationale des Cinémas Français. Cette dernière s'inscrit dans un contexte particulier puisque l'HADOPI a aujourd'hui concentré de virulentes attaques. Mais à l'époque où nous, internautes, nous battions contre un texte de loi absurde et inapplicable (nous en avons aujourd'hui la preuve), nous avions la dignité de ne pas nous attaquer à des personnes. Les ayants droit, eux, ne s'embarrassent pas de ce genre de considérations, visiblement soutenus par la ministre de la culture, Fleur Pellerin, qui lève docilement la papatte arrière pour apporter sa couche de déjection sur les travaux d'une autorité administrative indépendante qu'elle a pourtant sous sa tutelle, et surtout sur une personne. Et c'est Eric Walter, Secrétaire Général de l'HADOPI qui a été la cible directe de ces attaques, tout ça pour avoir esquissé l'idée, certainement éclairée par les travaux de l'autorité indépendante, d'envisager les modalités possibles de légalisation des échanges non marchands et de trouver des sources pérennes de financement de la création... un comble !

Tout a commencé par la "fine" charge de Nicolas Seydoux, président de l'ALPA (l'association pour la lutte contre la piraterie audiovisuelle), casquette qu'il cumule avec la présidence des cinémas Gaumont... une charge catapultée du fond d'un caniveau.

Ni la ministre, ni les ayants droit ne semblent très intimes avec le concept d'autorité administrative indépendante. L'HADOPI est pourtant aux premières loges pour observer les usages, puis émettre des avis. Son seul objet, c'est d'apporter une vision éclairée sur une problématique qui lui a été confiée. Dans ce cas précis, la diffusion des oeuvres et la protection des droits sur Internet.

Et c'est là que Nicolas Seydoux "bug" en assimilant bien le concept de protection de ses droits à lui mais certainement pas ceux des artistes (qui ont le droit d'être diffusés et rémunérés pour leurs travaux), mais aussi la protection des Internautes qui sont autant de consommateurs de produits des industries culturelles. Et Nicolas Seydoux "rebug" une seconde fois quand assimile l'HADOPI à la petite milice privée de l'ALPA alors qu'il dispose déjà de sa bande de charlots de TMG.

Aujourd'hui, la problématique est pourtant simple :

  • Nous avons d'un côté une HADOPI qui vit au quotidien les paradoxes d'un texte absurde et inapplicable avec toujours moins de budget.
  • De l'autre des ayants droit qui estiment que la riposte graduée n'est pas assez efficace et qu'il serait peut-être temps de passer à la vitesse supérieure en tapant toujours plus fort sur les internautes qui osent partager la culture.
  • Et au milieu de tout ça, une ministre fraîchement parachutée qui se pointe dans une ambiance petits fours et cocktails pour assurer à tout ce petit monde qu'elle se fiche bien des conclusions de l'autorité indépendante et qu'elle est venu offrir l'HADOPI aux ayants droit en soustrayant, dans un élan républicain qui lui est propre, cette autorité indépendante au secteur public afin qu'elle serve plus docilement les intérêts privés des ayants droit. Son idée étant que la HADOPI se concentrerait uniquement sur la riposte graduée au détriment de ses recherches sur les usages, comportement licites et illicites.

Oui, Fleur Pellerin me donne la nausée, sa conception du service public faite de soutien à des invectives toutes personnelles qui trahissent et salissent les institutions est révélatrice d'un arrivisme, d'un carriérisme tout bonnement écoeurant.

Si le projet culturel de Fleur Pellerin est toujours plus de répression des internautes , qu'on lui offre le ministère de l'intérieur, elle n'a pas plus à faire pour la culture que ce qu'elle a fait pour Internet.

0 Commentaires
Une info, un document ? Contactez-nous de façon sécurisée