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par Antoine Champagne - kitetoa

Europe: toujours plus fort, toujours plus haut...

Les euro-optimistes sont comblés. En ce début de semaine, le Fonds européen de stabilité financière (FESF) a levé 5 milliards d’euros à 2,89% (un taux particulièrement bas). Pour sa première émission, le FESF a enthousiasmé les investisseurs. L’émission a été sursouscrite neuf fois. N’est-ce pas là la preuve que l’Euro est toujours là, qu’il a un avenir radieux ? Bien entendu, cela montre que l’Europe, lorsqu’elle présente un front uni, peut susciter la confiance des investisseurs.

Les euro-optimistes sont comblés. En ce début de semaine, le Fonds européen de stabilité financière (FESF) a levé 5 milliards d’euros à 2,89% (un taux particulièrement bas). Pour sa première émission, le FESF a enthousiasmé les investisseurs. L’émission a été sursouscrite neuf fois. N’est-ce pas là la preuve que l’Euro est toujours là, qu’il a un avenir radieux ?

Bien entendu, cela montre que l’Europe, lorsqu’elle présente un front uni, peut susciter la confiance des investisseurs. Cela montre aussi qu’il y a encore au cœur de l’Union quelques pays dont la situation économique n’est pas totalement dégradée.

Mais se contenter de ce constat serait faire preuve de courte vue. N’en déplaise aux euro-optimistes, l’Union est en train de créer de la dette pour rembourser de la dette. Les Etats se sont endettés pour sauver leurs systèmes bancaires, se sont enfoncés dans une crise macro-économique profonde. Une fois plombés, ce sont les banques centrales (en l’occurrence, pour l’Europe, la BCE – les Etats-Unis sont également dans une position intenable) qui ont été appelées à la rescousse. Elles sont supposées être les « prêteurs en dernier ressort ». Normalement, après elles, il n’y a plus personne. A part peut-être le FMI et la Banque Mondiale. Que faire donc lorsque tout va mal. Lorsque des pays européens ne peuvent plus se financer, comme la Grèce, l’Irlande, le Portugal, l’Espagne, la Belgique, la Hongrie, on en passe, sans mettre en péril leur avenir ? Simple. Créons un fonds européen qui émettra des ersatz d’eurobonds. Des titres ressemblant –un peu- à des obligations européennes, pouvant ainsi bénéficier de la qualité d’émissions allemandes, la référence.

Une bonne idée sur le papier. Mais le réveil risque d’être difficile. Tentons un parallèle un peu limite. Imaginez que vous êtes surendetté. Vous avez explosé tous les plafonds et les banques sont très énervées contre vous. Vous vous tournez vers vos parents. Ils se portent caution. Les banques acceptent de vous prêter à nouveau. Avec cet argent, vous survivez un temps et en plus, vous pouvez rembourse les intérêts de vos précédents emprunts. Posez-vous deux minutes. Réfléchissez. Analysez lucidement la situation. Etes-vous vraiment sorti d’affaire ?

Ajouter de la dette à la dette n’est pas une voie de sortie. Ajoutez à cela les politiques d’austérité annoncées, le durcissement des politiques sociales. Vous avez une situation explosive. Les dépenses des ménages vont mathématiquement se contracter. Du coup, la croissance va se ralentir. Peut-être même devenir négative. Il faudra donc emprunter à nouveau. Un très beau cercle vicieux que nos politiques sont en train de mettre en place. Foncer dans le mur en klaxonnant, n’est-ce pas une pratique qu’ils connaissent sur le bout des doigts ? Après eux, le déluge. Quant à nous, nous nous noierons.

La vie est belle.

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