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Édito
par Yovan Menkevick

Ecologie : si on arrêtait l'enfumage, deux minutes ?

(Ca devient très très agaçant les leçons d'écologies du XXIème siècle, leçons très décalées et souvent hors-sujet. Au fond, si l'on reprend un peu l'histoire et qu'on observe ce qu'il se passe aujourd'hui, est-il vraiment intelligent d'être "écologiste" ? Pas si certain…) Au début des années 70 ils étaient pris pour des rétrogrades totalement abrutis : les hippies écologistes.

(Ca devient très très agaçant les leçons d'écologies du XXIème siècle, leçons très décalées et souvent hors-sujet. Au fond, si l'on reprend un peu l'histoire et qu'on observe ce qu'il se passe aujourd'hui, est-il vraiment intelligent d'être "écologiste" ? Pas si certain…)

Au début des années 70 ils étaient pris pour des rétrogrades totalement abrutis : les hippies écologistes. Ils militaient contre le nucléaire, faisaient la promotion de l'agrobiologie (ainsi nommée à l'époque) et critiquaient la société de consommation. Les politiques, ainsi qu'une énorme majorité de la population se sont foutus de leur gueule jusqu'à que certain problèmes surviennent, mis en avant par des gens "sérieux" : les scientifiques. Problèmes que personne ne peut vérifier par lui-même, puisqu'à "l'échelle de la planète".

Les problèmes en question étaient les gaz à effet de serre dans les années 90, puis le Co2 à partir des années 2006-2007 avec l'alerte émise par le GIEC et le film d'Al Gore "Une vérité qui dérange". Là, d'un seul coup, le Français moyen qui sur-consommait de l'électricité, du fioul, achetait tout et n'importe quoi sans se soucier de l'origine des produits, de l'énergie consommé, des rejets polluants, s'est mis à vouloir "protéger la planète". Les médias l'ont bien aidé : campagnes pour sauver la planète, grenelle de l'environnement pour sauver la planète, tee-shirt éthiques pour sauver la planète, préservatifs pour sauver la planète : enfin bref, la planète était en danger et le consommateur pouvait devenir "responsable".

Whaaaaa, super : le développement durable et la consommation responsable. Des trucs géniaux, hyper bien pensés, qui permettent en réalité de vendre des concepts. Voyons voir ce qu'est l'écologie en 2012. Parce qu'entre environnementalisme, écologisme militant, mode de vie raisonné et enfumage à tous les étages, il y du grain OGM à moudre.

L'écologiste, ça trompe énormément (et plus encore)

Il y a des termes à bien connaître et à utiliser à outrance si vous voulez bien montrer votre implication dans le sauvetage de la planète, termes qui permettent votre propre mise en valeur, si possible, parce qu'être un sauveur c'est quand même toujours mieux qu'être un destructeur, n'est-ce pas ? Le premier est "énergie grise". Ah, ça, c'est un truc tip-top : placez-le donc dans une discussion, vous verrez l'effet et la possibilité de donner la leçon à votre interlocuteur. Genre : "Oui, mais est-ce que tu as pris en compte l'énergie grise, hum…?" N'oubliez pas de faire une tête très concernée, avec les yeux un peu plissés, la bouche légèrement entrouverte. Ouais, si tu calcules pas l'énergie grise, t'es rien qu'un con. Mais c'est quoi ce truc au juste ? C'est wikipedia qui le dit :

"L’ énergie grise  est la quantité d'énergie nécessaire au cycle de vie d'un matériau ou d'un produit : la production, l'extraction, la transformation, la fabrication, le transport, la mise en œuvre, l'utilisation, l'entretien et à la fin le recyclage. Chacune de ces étapes nécessite de l'énergie, qu'elle soit humaine, animale, électrique, thermique ou autre. En cumulant l'ensemble des énergies consommées sur l'ensemble du cycle de vie, on peut prendre la mesure du besoin énergétique d'un matériau ou d'un produit. Cette connaissance peut guider ou renseigner les choix notamment en vue de réduire l'impact environnemental."

Et c'est vrai, c'est ça.

Ce qui est génial avec cette invention de statisticien, c'est qu'à peu près plus rien n'est "écolo-compatible" tout "coûte" à l'"environnement". On crée plein d'énergie grise tout le temps. On tue la planète, en gros. C'est mal, très mal. Tu te fais une cabane en bois, et bien y'a de l'énergie grise : ta tronçonneuse, la fumée qu'elle dégage, ton mélange, le transport des rondins, la production de l'acier des clous, le transport des clous, la durée de vie de la cabane… C'est un truc dingue, parce qu'au final, on peut être plus écolo et moins dévoreur d'énergie grise en achetant un truc tout fait au supermarché du coin qu'en faisant soi-même. Avec à la clef une autre question : est-ce que l'urgence est vraiment avant tout celle de limiter les rejets de Co2 ou bien de conserver la biodiversité, participer à l'accueil des plantes, insectes exterminés par les pollutions chimiques ?

Il y aussi le terme "durable". Tout doit être durable, comme le développement. Sauf que toute cette soupe écologiste de publicitaires qui renvoie chaque individu à un consommateur qui peut acheter pour le "bien de la planète" (acheter avant toute chose) n'est en aucune manière reliée à la réalité, à l'action concrète des individus sur le terrain, aux actes quotidiens respectueux de l'environnement, mais surtout qui permettent qu'un "environnement naturel "se maintienne dans un bon état et surtout perdure.

Paysan chasseur Vs Ecolo en ville

Les paysans, pas les gros industriels, mais les petits ou moyens, il en reste encore un peu, sont souvent chasseurs dans certaines régions. Ils vivent dans la "nature" et la jardinent. Certains mettent des pesticides dans leurs champs, des engrais chimiques, ce qui n'est pas très bon pour le vivant en général. D'autres ont choisi de se passer des produits chimiques ou de les réduire au strict minimum. Ces individus sont centraux à bien des égards, ils maintiennent l'écosystème, nourrissent la terre, les animaux d'élevage et la population humaine. Quant à la chasse, elle a deux vertus en général : nourrir les familles de chasseurs et réguler les espèces. Bien entendu, certains cercles de chasseurs sont de parfaits bouchers sans âmes qui comptent les points et sont de simples tueurs assermentés. Mais de nombreux autres sont de véritables amoureux de la nature qui exerce leur art avec éthique et jouent un rôle important. Les paysans ne revendiquent rien le plus souvent, ils vivent dans la nature, s'en servent, mais la protègent aussi puisqu'elle est leur garde-manger et leur outil professionnel. Ils connaissent très bien la nature. Très très bien.

De l'autre côté, il y a les écologistes. Difficile de les généraliser, mais pas mal de ses partisans le sont [écologistes] en ville, et se préoccupent "d'environnement". L'écologiste moderne est "contre" plein de choses, mais pour autant, utilise la plupart du temps ces "choses". Il est contre le nucléaire mais est électrifié chez lui à l'énergie nucléaire. Contre l'agriculture intensive, mais ne fait pas pousser de plantes. Il peut être pour sauver les abeilles, par exemple, mais n'a pas de ruches. La liste est longue, et la plupart du temps l'écologiste a pour vocation de donner la leçon : culpabilisation sur l'énergie grise, les produits bio, la défense de, l'interdiction de etc… Tout ça n'est pas sans intérêt, soyons bien clair, mais il manque quand même quelque chose, ce qu'on pourrait appeler une approche constructiviste, créative…et un accord entre parole et actes.

Un exemple pour mieux comprendre l'absurdité du système de pensée écologiste moderne : prenez une maison en campagne. Si elle est consommatrice d'énergie grise (à la construction par exemple), l'écologiste vous le reprochera. Mais que se passe-il si une maison parfaitement "écologique" (que l'écologiste applaudit) est plantée sur un terrain avec une pelouse bien tondue toute l'année pour seule activité ? Il se passera que cette maison ne créera rien en terme d'action bénéfique sur l'environnement, de biodiversité : elle n'aura servi qu'à contenter les statisticiens de l'écologie moderne. Si une maison moins "écologique "s'implante et que ses habitants se préoccupent de planter des espèces de plantes qui accentuent la bio-diversité, installent des ruches pour aider à la pollinisation, des vergers, etc… ?

On leur reprochera leur habitation peu "écologique" mais il n'y aura aucune préoccupation écologique établie pour le travail autour de la maison, qui lui est central. Et c'est là que se trouve la vraie préoccupation. Comme les paysans le font. Ce paradoxe est terriblement destructeur.

Les bons moyens de ne rien faire et se donner bonne conscience

Pendant qu'on mélange bien les choses au point de tout confondre en termes de discours sur l'écologie, (la consommation d'énergie n'est pas la première des préoccupations à avoir si l'on est un tant soit peu perspicace sur le terrain des problèmes écologiques) la réalité, elle, ne se gène pas pour venir nous rappeler qu'elle se moque des belles paroles. Les abeilles sont en train de crever en France, et leur rôle est central dans la pollinisation, donc la reproduction d'un maximum de plantes. Interdire le Gaucho, très bien. Mais il reste d'autres pesticides, sans compter des champs OGM qui peuvent aussi jouer un rôle destructeurs dans les essaims. La seule chose à faire aujourd'hui est d'adopter quelques ruches avec leurs essaims. En gros, faire. Les abeilles se portent très bien en ville, les citadins pourraient en installer sur leurs balcons. De la même manière, planter des variétés d'arbres, et autres semences anciennes a cent fois plus d'intérêt que de calculer ses rejets de Co2 et acheter une nouvelle voiture dite "verte".

De nombreux discours viennent servir la cause de l'immobilisme : ceux des parleurs qui n'agissent pas, et ceux des consommateurs d'écologie qui se donnent bonne conscience mais n'amènent rien en termes d'actions concrètes dans "l'environnement naturel". Et comme d'habitude, ce n'est pas en attendant que "le photovoltaïque soit plus performant", ou "que le gouvernement décide de faire quelque chose", ou que "de nouvelle techniques apparaissent" que les choses avanceront pour se déconnecter des centrales nucléaires, acquérir son autonomie énergétique. Pour ceux qui n'ont pas envie de participer au "grand n'importe quoi" moderne, qui peuvent aussi avoir envie de mettre, ne serait-ce qu'un peu d'accord entre les idées et les actes, il reste donc la solution d'agir. A sa petite échelle, sans aller calculer des taux de rendements et des coûts de matières premières à l'échelle planétaire.

Parce qu'il n'y a rien de plus facile que de rester immobile en prétextant que la solution individuelle ne peut s'appliquer à l'ensemble : c'est ainsi que rien ne change, que chacun attend que l'ensemble soit façonné pour l'individuel, et au final, que rien ne se fait.

Mais parler, théoriser est plus facile que d'agir concrètement.

Ce que l'écologie moderne a fortement tendance à faire. D'où sa crédibilité fortement mise en doute. Et son action, de plus en plus aberrante. Les mouvements de hacking au sens large, les hackeristes, ont un rôles à jouer dans cette invention d'une écologie concrète et constructive, c'est une certitude. Mais au delà de se fabriquer un sauna en faisant brûler du bois sous une baignoire de récupération :-)

Bonus, grâce au lecteur-contributeur Didier : ce clip excellentissime du rappeur Duval Mc…

 

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