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par Antoine Champagne - kitetoa

Drame dans la mare : un canard mange une dinde...

Il faut dire qu'elle avait fait fort. Tout le monde se souvient désormais de son petit voyage en Tunisie en pleine révolte populaire, les emplettes de ses parents au passage, les vols dans un jet privé d'un proche de Ben Ali, l'hébergement probablement gratuit dans un hôtel du même ami bienveillant. Le mélange des genres. Comme pour Eric Woerth et sa femme. Mais surtout, ses explications alambiquées et mensongères. Son aplomb dans le mensonge et le dénigrement.

Il faut dire qu'elle avait fait fort. Tout le monde se souvient désormais de son petit voyage en Tunisie en pleine révolte populaire, les emplettes de ses parents au passage, les vols dans un jet privé d'un proche de Ben Ali, l'hébergement probablement gratuit dans un hôtel du même ami bienveillant. Le mélange des genres. Comme pour Eric Woerth et sa femme. Mais surtout, ses explications alambiquées et mensongères. Son aplomb dans le mensonge et le dénigrement. Aplomb et dénigrement que l'on retrouve dans sa "lettre de démission". Mais ce qui ressort, c'est surtout une incompréhension des mouvements historiques qui se déroulaient pourtant sous ses yeux. Des peuples qui se soulèvent contre un dictateur. Et sa seule réponse : proposer d'envoyer au dictateur ami les forces anti-émeute dont le savoir est, disait-elle, internationalement reconnu.

L'image de la France était définitivement ternie dans cette région du monde qui se réveille d'une longue léthargie.

Bien joué l'artiste. Michèle Alliot-Marie ne s'était jamais illustrée par son action dans quelque gouvernement que ce soit. Aucune grande réforme ne lui est associée. Cette fois, aux Affaires étrangères, elle a posé son empreinte. Pas de manière glorieuse, loin s'en faut.

Nicolas Sarkozy, à l'approche d'élections locales a donc décidé de se défaire de cette machine a faire baisser les sondages. Et il pense qu'ainsi, tout est réglé.

C'est le quatrième remaniement en un an. Le dernier ayant été annoncé comme étant celui qui mettait en place une équipe de professionnels. Des pros, on vous dit. Qui ne voient rien venir, qui réagissent avec un retard infernal, et mal.

Visiblement ils n'étaient pas aussi pros que ce que l'on pouvait espérer.

«Pour obtenir les résultats que vous attendez et que nous obtiendrons, je me dois de ne faire prévaloir aucune autre considération que le souci de l'efficacité et de l'intérêt général dans le choix de ceux auxquels sont confiées les plus hautes responsabilités de l'Etat».

C'est ce qu'à dit Nicolas Sarkozy aux Français ce soir. Pourquoi ? Avant, il ne pensait pas pouvoir atteindre des résultats ? Il avait nommé des gens incapables de les atteindre ? Avec d'autres considérations que le souci de l'efficacité ?

Et les patrons de l'équipe, Nicolas Sarkozy et son "collaborateur" François Fillon ? Il sont pros ? Est-il temps de les remanier ?

«Nous ne devons avoir qu'un seul but : accompagner, soutenir, aider les peuples qui ont choisi d'être libres»,

A déclaré le président. Laissant donc entendre qu'il savait qu'auparavant, ces peuples n'étaient pas libres. Pourtant il soutenait les dictateurs en leur vendant des armes. Pourtant, ses ministres voyageaient aux frais de ces dictateurs. Pourtant, il ne soutenait pas ces peuples. Et même, lorsque ceux-ci faisaient le choix d'être libres, comme il le dit, il ne les soutenait pas et proposait même d'envoyer des troupes anti-émeutes pour rétablir l'ordre dur de ces dictateurs.

Car il ne faut pas s'y tromper, si Michèle Alliot-Marie est bien celle qui a fait cette déclaration à l'Assemblée Nationale, c'est sur proposition de Nicolas Sarkozy. En France, traditionnellement, on n'envoie pas de troupes à l'étranger sans l'aval du chef de l'Etat. Dans les gouvernements de ce président, les ministres ne prennent jamais d'initiatives sans en référer à l'omni-président. De peur de se prendre une soufflante.

Si vous cherchez un responsable, ne vous méprenez-pas, ce n'est pas le fusible qu'il faut blâmer.

Que nous propose-t-on pour relever le niveau ?

Michèle Alliot-Marie est donc passée à la trappe. Elle est remplacée par Alain Juppé, l'ancien ministre de la Défense. Il obtient ainsi le poste qu'il briguait lors de la formation du gouvernement précédent. Mais cette fois, il obtient surtout ce qu'il avait demandé et n'avait alors pas obtenu, le contrôle total de la politique étrangère. Il ne pouvait supporter l'idée d'être sur le même plan décisionnel que Claude Guéant, véritable artisan de la politique étrangère de la France. Celui-ci passe donc au ministère de l'intérieur. Lui qui voulait également ce poste depuis un moment, tout est pour le mieux. Hortefeux est renvoyé au rôle de conseiller. Ca tombe bien également, Nicolas Sarkozy lui-même doutait de ses capacités ministérielles depuis longtemps. Et puis deux condamnations au pénal en quelques mois, ça faisait désordre.

Question : qui met-on à la Défense ? Gérard Longuet. Il s'était violemment engueulé avec Nicolas Sarkozy après le dernier remaniement car il n'avait rien obtenu alors que des promesses lui avaient été faites. Gérard Longuet est un ancien du groupe d'extrême-droite Occident, puis l'une des grandes figures du GUD. Un homme bien sous tous rapports qui ne dédaignait pas de faire le coup de poing ou de barre à mine avec les gauchistes lorsqu'il était jeune. Voici donc un vrai message ayant le mérite de la clarté à l'attention des pays étrangers, notamment ceux qui sont en pleine révolution. Autre message sympathique, les Libyens savent désormais que nous conservons un ministre qui s'est illustré en Tunisie et par son amitié débridée à l'égard du guide illuminé et sanguinaire de la Libye : Patrick Ollier.

 

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