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par bluetouff

De l'hacktivisme à la vie publique

Nous souhaitions réagir aux derniers propos de Christophe Barbier, directeur de la rédaction de l'Express, qui comme nous l'avions vu venir de loin, a malheureusement essuyé hier une attaque par déni de service, paralysant pendant 2 heures l'Express.fr. Reflets.info est un média un peu particulier, jeune, qui se cherche, sans modèle économique (un sujet de plaisanterie chez nous), mais un média quand même. Reflets est un site de presse édité par la SAS ./rebuild.sh.

Nous souhaitions réagir aux derniers propos de Christophe Barbier, directeur de la rédaction de l'Express, qui comme nous l'avions vu venir de loin, a malheureusement essuyé hier une attaque par déni de service, paralysant pendant 2 heures l'Express.fr. Reflets.info est un média un peu particulier, jeune, qui se cherche, sans modèle économique (un sujet de plaisanterie chez nous), mais un média quand même. Reflets est un site de presse édité par la SAS ./rebuild.sh. De ce fait, nous considérons Christophe Barbier et les journalistes de la rédaction de l'Express comme des confrères. Il va de soi que dans ces conditions, nous ne pouvons, nous aussi, que condamner une action visant à "éteindre" un média, quel qu'il soit.

Dans sa dernière chronique vidéo, Christophe Barbier revient sur l'incident d'hier et pose un regard réfléchi sur la portée de l'action d'Anonymous et porte la réflexion, très intéressante du passage de l'hacktivisme à la vie politique. Quelque chose que nous connaissons bien chez Reflets, puisque nos actions, à visage découvert, par exemple pour la Syrie, sont des actes d'hacktivisme. De l'hacktivisme dans un média ? Quelle drôle d'idée non ?

De l'hacktivisme à une vie publique, au service de la cité. C'est là toute la problématique que soulève cette réflexion. Comment passer de l'hacktivisme, sans frontière, au service du réseau, à la vie politique au service de la cité, au service des citoyens. Ce sont deux choses différentes, pas forcément incompatibles, mais différentes quand même. Chez Reflets, nous sommes au moins deux à pouvoir vous expliquer, si vous le souhaitez, tous les paradoxes à être hacktiviste et à avoir une vie publique... et accessoirement une vie privée.

Anonymous a choisi de ne pas faire de politique. L'explication en est simple. Anonymous, à l'image du réseau, ne connaît pas de frontière. La politique, d'un pays à l'autre, met les mêmes mots sur des concepts parfois assez différents. Imaginez une conversation politique entre un Anonymous américain démocrate, un Anonymous français socialiste, et un Anonymous autrichien démocrate chrétien. Vous vous doutez bien que très vite, la conversation va tourner court. Pourtant, ces trois Anonymous sont sur le même canal IRC, participant aux mêmes actions, pour défendre les mêmes valeurs simples, auxquelles n'importe quelle personne, sans distinction de religion, d'origine, d'idéaux politiques, est attachée.

À la politique, Anonymous, oppose l'humour, le "lulz", les pieds de nez comme l'explique Benjamin Bayart sur Atlantico aujourd'hui. Aborder des sujets graves, sur le ton de l'humour, ce n'est certes pas quelque chose de nouveau. C'est, en revanche, quelque chose de particulièrement ancré dans l'esprit de nombreux internautes. Ceci est peut être une conséquence de la nature même d'Internet. Une sorte d'open-space mondial dans lequel nous devons tous cohabiter, malgré nos différences. Cet "open-space", ces TAZ, comme Hakim Bey les décrit, ces micro-communautés qui interagissent et échangent, créent de la richesse, créent de la culture en se forgeant des références communes, c'est même la définition d'une culture.

Au cœur de cette culture, l'anonymat est vecteur de richesse, de libertés, de rencontres. Anonymous est un vecteur permettant à deux collègues de bureau qui ne se sont jamais adressé la parole et ne se l'adresseront peut être jamais dans le cadre de leur travail, de discuter sur un canal IRC et d'échanger. Échanger dans une zone qui n'est pas leur bureau ou la machine à café de ce dernier.

Si un geek américain a probablement les mêmes références culturelles qu'un geek français, ce n'est probablement pas le cas entre un démocrate américain et un démocrate français.

Internet a donc créé une culture à son image, universelle, sans frontière, basée sur des technologies, des protocoles, des systèmes interconnectés, du matériel et ... des valeurs, parmi lesquelles la liberté d'expression ou la neutralité des réseaux, garante de cette liberté d'expression.

Vous l'aurez compris, l'anonymat a aussi sa culture. Anonymous n'est pas né de nulle part, Anonymous a hérité de la culture du réseau Internet, pour créer la sienne. Vous entendrez parler des cultures cypherpunk et cryptoanarchiste, deux cultures dont Anonymous peut se revendiquer un digne héritier. Attention, n'allez pas comprendre qu'Anonymous est un regroupement d'AnarcoPedoTerroristoZoophiloConspirationnistoNazisProPalestiniens d'AlQaida comme Matthieu Creux décrivait hier ce mouvement avec une niaiserie savamment affirmée.

Monsieur Barbier, nous espérons que ce bref exposé vous donnera une vision, non pas du fossé qui sépare hacktivistes, médias et politiques, mais une modeste vision des rôles de chacun et des ponts que nous avons le devoir de créer les uns entre les autres pour mieux nous comprendre, et pourquoi pas, changer le monde. Considérez-nous comme l'un de ces ponts, considérez-nous comme des ouvriers capables de vous aider à créer vos propres ponts.

À titre personnel, je réitère mon invitation à me contacter (vous ou un technicien de votre équipe) pour discuter de la sécurité, perfectible, de vos serveurs web.

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