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par Antoine Champagne - kitetoa

Crise financière : got trillions ?

Observez bien. Car se déroule en ce moment un film qui est déjà passé maintes fois sur les écrans de votre réalité. Après une période catastrophique, les marchés font une pause. Avec un peu de chance, et beaucoup d'agent, ils vont se stabiliser. Puis se reprendre et tout le monde criera victoire. Les politiques se gargariseront de leurs succès, ils diront qu'ils ont sauvé le monde, que sans eux, c'était le chaos.

Observez bien. Car se déroule en ce moment un film qui est déjà passé maintes fois sur les écrans de votre réalité. Après une période catastrophique, les marchés font une pause. Avec un peu de chance, et beaucoup d'agent, ils vont se stabiliser. Puis se reprendre et tout le monde criera victoire. Les politiques se gargariseront de leurs succès, ils diront qu'ils ont sauvé le monde, que sans eux, c'était le chaos.

Pourtant, ils ne font que préparer la prochaine crise qui ne manquera pas, comme à chaque fois, d'être pire que la précédente.

Pour sauver les banques (disons les établissements financiers pour être plus précis), les politiques sont en train d'ajouter de la dette à la dette. Ca marche parce que ça "rassure" les marchés. Ils comprennent, pas cons, que l'argent va a nouveau couler à flots. Moindres peut-être, mais à flots tout de même.

Et quand il y a du carburant, la machine fonctionne. La FED a ainsi soutenu Wall Street à bouts de bras ces dernières années après la crise des subprimes.

Bloomberg a compilé de l'information "publique" mais cachée (article à lire en entier, c'est édifiant). En utilisant le Freedom of Information Act (un truc que l'on aimerait bien avoir en France), l'agence de presse a ainsi pu faire des maths. Et il ressort de ses calculs que les établissements financiers (y compris européens et donc français) ont bénéficié d'aides pour un montant de 1200 milliards de dollars après la crise des subprimes. Une paille.

Juste trois fois le montant du déficit budgétaire fédéral l'an dernier. Vingt-cinq fois le montant accordé aux institutions financières après le 11 septembre 2001.

Ce qui est intéressant, c'est que la FED souligne, comme un certain Nicolas Sarkozy, qu'elle a même gagné de l'argent, ces prêts étant assortis d'intérêts.

Oui, mais non.

Prêter de l'argent à un joueur compulsif ne le guérit pas. En outre, si les banques ont bénéficié de ces sommes faramineuses, l'économie réelle, elle, attend toujours, dans sa grande majorité. La crise de liquidité refait surface ces jours-ci et il est probable qu'elle s'accentue dans les semaines à venir. Et si crise de liquidités il y a... Nouvelle crise globale il y aura...

A force de sauver (renflouer) un joueur compulsif sans lui imposer des soins et le faire interdire de casino, on prend le risque qu'il tente à chaque fois de se refaire en posant sur la table tous ses jetons (surtout si on lui en a fourni gratuitement, ou presque, de nouveaux). Inévitablement, la perte est chaque fois plus grande.

Les politiques manquent indéniablement de courage pour réguler drastiquement un système qui est totalement décorellé de l'économie réelle. Et pas seulement en ce qui concerne le High Fraquency Trading qui permet de manipuler les cours chaque jour.

Ils s'en foutent et honnêtement, ils  ont bien raison. Ils ne paieront pas le prix de leur manque de courage. Et peut-être même, leurs enfants non plus. En revanche, les enfants de leurs enfants...

Enfin... Leurs enfants... Vos enfants plutôt. Vous vous souvenez, on vous parle de "plans d'austérité"... L'argent n'étant pas une denrée infinie (sinon, on verse généralement dans l'hyperinflation), ce sont les ménages qui payent la note. Notez que la patronne des patrons, Laurence Parisot a demandé que les entreprises ne soient pas trop visées par les projets gouvernementaux actuels (on verra demain) en matière d'austérité.

A en croire Bloomberg, les politiques n'ont pas "sauvé" les banques lors de la crise des subprimes en injectant des liquidités. Ils ont ouvert les vannes de l'argent facile comme jamais. Un bon moyen de ramener à la raison des joueurs compulsifs... Ouvrir les vannes de l'argent facile, c'est , par exemple, prêter à 1,1% lorsque les banques entre elles se prêtent à près de 4%. Chez Reflets (et chez les banquiers), on appelle ça de l'argent gratuit.

Voyons voir... Prenons une comparaison bien débile... mais parlante... Imaginez  un secteur de l'économie qui a particulièrement souffert de la crise des subprimes. Je ne sais pas moi... Les ménages américains qui se retrouvent avec leurs maisons saisies. Que fit le gouvernement pour sauver ce secteur ? Ouvrit-il les vannes de l'argent facile ? Sauva-t-il les ménages ? Voyons voir... Un autre secteur de l'économie. Les entreprises. Imaginez une entreprise qui prendrait des risques inconsidérés, engagerait des fonds dont il ne dispose pas, valoriserait des actifs qui n'en sont pas et se retrouverait au bord du gouffre. Imaginez que le patron de cette entreprise aille voir les dirigeants politiques de son pays pour obtenir un prêt faramineux à des conditions avantageuses. Que croyez-vous qu'il se passerait ? Rien. Pourquoi ? Parce qu'il ne connait, ni ne peut utiliser l'arme magique des banques : "le risque systémique". Une expression qui terrorise instantanément les politiques. On peut dès lors leur faire faire n'importe quoi. C'est comme un sort...

Alors, la prochaine fois que vous avez un gros découvert, vous savez ce qu'il vous reste à faire. Allez voir votre banquier et dites lui "Cher banquier, il faut m'aider car je suis un élément du risque systémique". Ca change d'un "agent du chaos" et ça peut marcher.

Tiens, finalement, ça ferait un bon slogan pour les indignés de toute la planète...

"Nous sommes le (vrai) risque systémique".

 

 

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