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par Antoine Champagne - kitetoa

Crise de la dette : de pire en pire... Malgré les apparences

Pour une fois, Mme Irma Kitetoa s'est plantée. J'avais annoncé hier sur Twitter que les marchés auraient une sale tête aujourd'hui. Comme un imbécile, j'avais parié sur la rationalité des marchés. Mais j'avais oublié ce que je dis moi-même depuis des lustres, ils sont tout sauf rationnels. Quant à la main invisible, elle est partie sans laisser d'adresse depuis bien longtemps. Bref, il me semblait que la dégradation forte de l'Italie par Moody's  allait peser sur la séance. Mais non. Pourquoi ?

Pour une fois, Mme Irma Kitetoa s'est plantée. J'avais annoncé hier sur Twitter que les marchés auraient une sale tête aujourd'hui. Comme un imbécile, j'avais parié sur la rationalité des marchés. Mais j'avais oublié ce que je dis moi-même depuis des lustres, ils sont tout sauf rationnels. Quant à la main invisible, elle est partie sans laisser d'adresse depuis bien longtemps. Bref, il me semblait que la dégradation forte de l'Italie par Moody's  allait peser sur la séance. Mais non. Pourquoi ? Parce que les gouvernements européens s'agitent comme des papillons autour d'une ampoule lumineuse... Ils laissent filtrer partout des informations plus ou moins concordantes pour "rassurer les marchés". Façon : pas de panique, cette fois on va faire un truc énorme, recapitaliser les banques, tout ça, tout ça.

Nous y voilà.

Dexia qui avait passé tranquillement les tests de résistance en juillet est en déconfiture totale. Pas grave, le gouvernement français et les Belges vont tout faire pour éviter le pire (message subliminal : on va injecter des brouzoufs).

Attendez. Stop, on rembobine... Lors des premiers stress tests, c'était une banque irlandaise qui passait haut la main et faisait quasiment faillite peu après. Lors des derniers, c'était Dexia qui passait haut la main et qui s'écroule aujourd'hui. Ceux qui feignait de ne pas voir, sont peut-être un peu obligés de convenir aujourd’hui que ces stress test sont du caca de taureau.

 

2008 Reloaded

Ce qui est amusant, c'est de voir que les états replongent, comme après la crise des subprime. En 2008, ce sont 6 milliards d'euros qui avaient été affectés au sauvetage de Dexia. Pour rien. Aujourd'hui, on recommence. Les banques font rarement faillite. Les Etats les renflouent avec l'argent public. Une petite entorse à la loi du marché si chère à l'UMP. Tu gagnes ? Tu gagnes. Tu perds ? Tu gagnes quand même. La banque est sans doute le seul secteur économique à qui s'applique aussi souvent cette règle spéciale.

Qui se souvient que c'est principalement en transférant la dette privée au secteur public que l'on a abouti à la crise de la dette souveraine ?

Je dis ça parce que l'on est en train de recommencer.

Les marchés peuvent bien faire une pause comme aujourd'hui et repasser dans le vert en se disant que comme toujours on va éviter le pire, les Etats entrant dans la danse quand tout menace de s'écrouler grâce à leurs conneries répétées. Mais ce ne sera qu'une pause. Car l'idée du prêteur en dernier ressort est bien jolie, il y a un moment où il n'y aura plus de prêteur en dernier, dernier, dernier ressort. Et là, patatras.

Soyons clairs, ce jour là, ou dans les mois qui suivront, nous assisterons à des scènes qui ne sont pas du tout bonnes pour le business ni pour les politiques. De droite comme de gauche.

A force de refuser obstinément de désarmer les marchés et le secteur financier, les politiques, de droite comme de gauche préparent les révolutions de demain. Celles qui les renverseront définitivement.

 

Le FMI plutôt inquiet

Pour ceux qui pensent que je suis alarmiste, je recommande la lecture d'un document du FMI paru ce jour. Il ne trouve pas que les choses s'arrangent. Après l'Europe, ce sera le tour des Etats-Unis. Pas de jaloux.

Regional Economic Outlook: Europe -- October, 2011: Following a strong showing in early 2011, the economies across Europe now face the prospect of a pronounced slowdown, as global growth has softened, risk aversion has risen, and strains in Europe's sovereign debt and financial markets have deepened, according to the Regional Economic Outlook: Europe. Downside risks are significant, and a further deepening of the euro area crisis would affect not only advanced Europe, but also emerging Europe, given its tight economic and financial ties. The policy stance in advanced Europe will need to be adapted to reflect the weakening and tense outlook, financial systems strengthened further, and a consistent, cohesive, and cooperative approach to monetary union adopted by all euro area stakeholders. The cross-country experience in the past decade in Europe shows the difference that good policies can make in boosting growth, with some European countries having grown rapidly while others have stagnated. Escaping low-growth traps, through broad-based reforms that address macroeconomic imbalances and country-specific structural rigidities, is possible.

(...) Downside risks to the outlook are significant and larger than at the time of the previous edition of the Regional Economic Outlook. Although more sluggish global economic growth has always been a possibility, quelling the tensions in euro area debt markets has proved increasingly challenging (Chapter 1). If tensions were to escalate further, the economic and financial outlook for the euro area would darken considerably and the repercussions for emerging Europe would be dire. Exports and cross-border production chains with emerging Europe’s premier partners would suffer.More importantly, much of emerging Europe’s financial sector would likely come under pressure. Strained banks in advanced Europe would likely scale back exposure to subsidiaries, nonaffiliated banks, and nonbanks in emerging Europe. A large and sudden disengagement from subsidiaries, though, is unlikely even in a highly adverse scenario. Western banks would first turn to domestic support mechanisms, including liquidity from the European Central Bank (ECB) as collateral allows, lending- of-last-resort from their central banks, and any government schemes that would be put in place in the circumstances.

Et n'oubliez pas, heureux habitants du village global  : #toutvabien !

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