Journal d'investigation en ligne et d'information‑hacking
par Yovan Menkevick

Ce gouvernement est courageux : soutenons-le !

(Ou comment, alors que le monde est en train de plonger dans une nouvelle dimension, les dirigeants des pays industriels les plus riches , dont celui de la France regardent le bateau couler tout en en se félicitant de ne pas en être vraiment les capitaines…) Et oui, c'est la nouvelle année, et comme on dit : bone année ! Et bonne santé aussi, hein, plein de bonnes choses, #toussa (© Reflets). Bon, c'est pas pour dire, mais on sent comme une odeur de cramé, y'a pas à dire.

(Ou comment, alors que le monde est en train de plonger dans une nouvelle dimension, les dirigeants des pays industriels les plus riches , dont celui de la France regardent le bateau couler tout en en se félicitant de ne pas en être vraiment les capitaines…)

Et oui, c'est la nouvelle année, et comme on dit : bone année ! Et bonne santé aussi, hein, plein de bonnes choses, #toussa (© Reflets). Bon, c'est pas pour dire, mais on sent comme une odeur de cramé, y'a pas à dire. Comme l'impression que l'incendie s'est déclenché en douce, sans que les pompiers soient vraiment prévenus, avec un peu de fumée mais très peu de flammes, un truc vicieux qui finit par tout faire s'écrouler sans qu'on ait le temps de se réveiller. Mais de quoi qu'il parle ? Qu'est-ce qu'il dit le Yovan Menkevick ? Il va encore nous faire chier avec ses histoires de climato-sceptiscisme ? Quand même, ça commence à bien faire, déjà qu'on était bien pépère, et que là, bon, enfin quoi…

Mais non, lecteur perspicace, point de tout ça, mais non, mais non, rien que du positif, du bien carré qui te rassure, te brosse dans le sens du poil, te fait plaisir, te donne raison. Parce que le lecteur, il a besoin d'avoir raison, c'est un point important. Sans quoi il s'agace. Et si il s'agace, il ne paye plus. Et ça c'est grave : surtout pour un magazine gratuit avec des journalistes pas payés. Des journalistes qui ne touchent pas une thune pour se faire lancer des tomates pourries à la tronche. Ben oui : journaliste-maso, ça se travaille. Mais bon, disons que l'année est à peine entamée et que ça va repartir pour un tour, et pas qu'un peu. Disons qu'on fait son travail sans ciller, parce c'est une profession de foi. Allez, au travail…donc…

En 2013 : on va tous se la péter grave !

Et ouais, ce que personne n'a capté, c'est que le gouvernement du "changement maintenant" a fait absolument-tout-ce-qu'il-faut-pour-qu'on-se-la-pète-grave-en-2013 : tout va repartir à fond : la croissance va dépoter sévère, il va y avoir des centaines de milliers d'emplois créés, le SMIC va être augmenté de 10%, les étudiants vont mieux étudier, les putes vont mieux puter, les macs vont mieux macer, l'ambiance va être à la teuf permanente, les pauvres vont s'enrichir et les riches vont donner leur thune pour aider la nation, enfin bref : c'est la totale, on est gâtés !

Il faut dire que la présidence Hollande, en l'espace de 6 mois, a carrément révolutionné la société française, un truc de dingues ! Imaginez que ce gouvernement a eu l'intelligence, non, mieux, le génie, de modifier les taxes sur la bière (à la hausse), les impôts des classes moyennes (à la hausse), créer des emplois jeunes (nommés d'avenir aujourd'hui, mais c'est sans objet) tout en réduisant le déficit budgétaire (parce que c'est ultra nécessaire, voyez-vous), avec des changements sociétaux majeurs qui mènent à des débats de haute volée comme "le mariage pour tous" (plus chouette que l'identité nationale) ! Et oui, alors que l'Europe coule, que le monde se délite sous les coups de boutoirs de la finance internationale, les socialistes français, eux, ne bronchent pas : ils laissent donc le débat sur "le mariage pour tous "s'installer, pendant des mois, parce que franchement, nous méritons mieux que de nous abaisser à discuter de l'avenir socio-économique du pays des lumières qui, disons-le, ne va pas quand même se mettre à réfléchir sur la mutation mondiale financière et néo-libérale. Non, le mariage pour tous, c'est mieux.

Toute cette agitation bénéfique, cette politique de haut-vol, menées tambour battant par un premier ministre "droit dans ses bottes", soutenues par un ministre beau-gosse du "redressement productif" qui ne se ménage pas (voir le polo marin et la "presque nationalisation" du site de Florange), des jeunes femmes ministres dont la perspicacité n'égale que l'intelligence, qui proposent pour l'une de se passer de la pilule contraceptive, ou pour l'autre, de réagir contre les coups de boutoir à la neutralité du Net de Free (qui voudrait  supprimer par option de Freebox l'apparition des pubs) sont un festival de pertinence politique que jamais notre république n'a vécu. C'est retournant.

Car, oui, lecteur, sache-le : le gouvernement est en train de te sortir de la mouise totale dans laquelle ton pays était empêtré. Et pas qu'un peu. Avec art. Avec classe. Sans que tu t'en doutes. Comme un suppositoire. Une politique qui glisse discrètement dans ton anus, te guérit à l'insu de ton plein-gré alors que tu penses être mourrant. C'est pas beau ça ? Mais voyons voir comment toutes ces magnifiques prédictions hollandesques de jours meilleurs vont survenir…

La politique économique Hollandesque est redoutable

Si il faut caractériser la politique économique du gouvernement socialiste actuel, supervisé avec maestria par François N°2, un unique mot peut s'appliquer : le courage. Oser signer le traité libéral  (TSCG) qui inscrit l'austérité à vie de la nation et détruit sa souveraineté budgétaire est tout de même sacrément gonflé ! Il fallait avoir les couilles de le faire, surtout qu'en tant que socialistes vous avez déjà signé pour Maastricht, puis le traité d'Amsterdam (ultra-libéral), la constitution (ultra libéral sans aucune avancée sociale), puis après rejet de la population à 53% de cette constitution, le traité de Lisbonne (ultra libéral, copie conforme de la constitution de 2005). Oui, ce gouvernement et le président de la République sont courageux, puisqu'ils n'ont pas peur de faire la politique du gouvernement précédent en ayant dénoncé la dite politique sans ménagement un an avant. Ils ne craignent pas de finir au bout d'une pique, c'est le moins qu'on puisse dire ! Et ça, et bien…respect.

Mais rentrons dans le vif du sujet : la politique économique de François "le gentil socialiste". Première chose importante : François a une unique préoccupation, le chômage. Et ça c'est quand même pas pareil qu'avec Nicolas le petit, ah non ! Nicolas n'en parlait pas beaucoup du chômage, alors que François est obnubilé par l'emploi. Et il agit, lui, au moins. Par exemple, il fait un budget d'austérité avec une croissance de 0 %, qui va plafonner à 0,3 ou 0,4% en 2013 : comme ça, il y aura à peu près 150 000 chômeurs de plus fin 2013… Enfin, non, lui, sait que ce ne sera pas le cas, parce qu'il a donné 20 milliards d'aide-allègements aux entreprises dans un super pacte de compétitivité, et on sait, depuis 20 ans, que les aides-allègements aux entreprises ça fait baisser le chômage de manière terrifiante. Tenez, quelques petits graphiques pour vous le démontrer. En premier lieu, les aides aux entreprises, par le biais des allègements de charges :

Sans conteste, les entreprises françaises ne manquent pas d'allègements de charges depuis 20 ans, c'est le moins qu'on puisse dire. Et donc, comme les entreprises sont aidées, payent moins de charges, elle embauchent à fond, non ? Vérifions avec la courbe du chômage (source Wikipedia) :

 

Mouais, mouais, mouais, pas frappant quand même : on a surtout l'impression que la courbe du chômage française suit celles des pays développés, et puis, passer de 11,8% à 8,2%, pour remonter à plus de 10%, alors que les allègements explosent, on ne peut pas dire que ce soit très significatif. Voire contradictoire. Mais Hollande n'est pas le dernier des abrutis, il sait qu'une recette de 1997 fonctionnera en 2013 quand bien même la recette a donné de la merde et n'est corrélée à rien : le pacte de compétitivité, ça va décoiffer de toute manière. On le sait bien, personne n'en doute.

Parce que ce qui est important pour François le socialiste, c'est la dette. Vous comprenez bien que si on dépense trop, ça ne va pas le faire, alors que si on a une dette et un déficit plus bas, ça va être la fête. Et oui ! Z'êtes trop cons de pas piger ce genre de trucs. Et pour rentrer du pognon dans les caisses de l'Etat, il faut des recettes. On en manque de recettes : à cause de la crise, bien entendu. Il suffit de regarder la contribution en termes de recettes des entreprises pour se rendre compte que c'est aux buveurs de bière de faire un effort, pas aux entreprises, hé, ho !

Ah ben ouais, c'est pas terrible, ça quand même : en 2009, elles donnent autant en impôts qu'en…1994…et ça plonge à partir de la super crise en 2008…étrange ça. Enfin, bon, on va quand même pas les imposer plus alors que tout le monde hurle qu'on est un pays qui impose trop ses entreprises, hein. Surtout les grosses, les très grosses. Nos fleurons nationaux. Bref, Hollande a bien pigé tout ça, et il va résorber la dette, donc.

Pourquoi Hollande et ses potes sont géniaux

On l'a déjà dit, ils sont courageux. Mais au delà du courage, il y a le génie, qui tient à leur capacité à faire ce que personne n'a jamais osé faire : du toilettage, fiscal ,en particulier.

Explications : vous êtes en pleine crise économique à 0% de croissance (ou à peu près), avec un déficit de 4,5%, pas plus important que celui de 1993, moins élevé que celui de 1994,ou 95, équivalent à celui de 2003 (voir graphique ci-dessous, source Wikipedia), et vous vous êtes engagés malgré tout à le faire baisser à 3% parce que vous aimez les Allemands, la commission, le FMI, la BCE, les marchés et que vous avez signé le TSCG.

Que faites-vous, si vous êtes un petit génie, genre ex-prof d'allemand devenu premier ministre après être passé en justice alors que vous êtiez maire d'un grosse ville française ? Et bien vous toilettez ! Et ouais : un p'tit coup de hausse de TVA par ci ou par là, une taxe sur la bibine, un changement de barème sur l'impôt, de tranches, deux trois niches fiscales qui sautent, une ou deux nouvelles crées, et hop, le tour est joué. Fin 2013, vous ne serez pas à 3% (mais aucun de vos partenaires libéraux européens n'y sera) et vous pourrez dire que "vous avez tout fait" pour parvenir à une résolution de la crise, du chômage, alors que les chiffres vous donneront tort, mais vous pourrez exposer que votre plan de compétitivité a quand même fonctionné, bien que pas assez, mais bon, c'est déjà ça, on aurait pu avoir une récession, hein ?

Oui, chers lecteurs, François N°2 et son ex-prof d'allemand vont éviter la récession ! Nous serons à 0,35% de croissance, alors que nous aurions pu être à -0,3%, il y aura 150 000 chômeurs de plus, alors que ça aurait pu être 300 000, et votre bière sera à 2,80 € au lieu de 2,30 €, vous paierez votre gaz, votre électricité 2, 3 ou 4% plus cher alors que votre salaire n'aura pas bronché (si vous avez un salaire), vos impôts seront plus élevés (si vous avez l'immense chance de pouvoir en payer et que vous n'êtes pas un hyper riche, parce qu'avec vos optimisations vous n'en paierez pas), alors que ça aurait pu être la coupure générale d'électricité, le gaz à +20% et les impôts doublés !

Enfin bref, les entreprises vont donc plus facilement embaucher, et plus facilement licencier aussi grâce aux accords historiques qu'un syndicat proche de Hollande négocie (flexsécurité, c'est social démocrate, ça frime), et vous pourrez remercier ce pouvoir en place d'avoir à la fois pris les décisions à la mesure des enjeux, d'avoir su conserver sa droiture politique, qui magnifie la justice sociale, encadre les abus du capitalisme, tord le bras à la finance et surtout protège les plus faibles, qui sont de plus en plus faibles dans ce monde de brutes.

Oui, vous pouvez remercier François et ses potes, ces socialistes à la pointe du progrès qui organisent la nouvelle sociale démocratie, elle aussi à la pointe du progrès (regardez l'Allemagne et ses 6 millions de salariés à moins de 5 euros de l'heure), conquérante et pétrie d'esprit républicain ! Soutenons François N°2, allons dans la rue hurler notre joie de voir enfin la lumière après ces cinq dernières années d'obscurantisme terrifiant. Vive François N°2, vive la France, et vive la sociale démocratie !

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