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par Antoine Champagne - kitetoa

Attention : la rupture peut tuer des bébés

Rupture : nom féminin (bas latin ruptura, du latin classique rumpere, briser). Le Larousse donne un synonyme parlant pour le terme tant ressassé par le candidat Sarkozy en 2007. Il allait être le président de la rupture, celui qui allait enfin tout changer, selon lui. Mais si les Français qui ont voté pour lui avaient pris le temps de lire la définition du mot dans le Larousse, ils auraient su que cet homme allait tout briser. Et en premier lieu, le contrat social qui nous unit.

Rupture : nom féminin (bas latin ruptura, du latin classique rumpere, briser). Le Larousse donne un synonyme parlant pour le terme tant ressassé par le candidat Sarkozy en 2007. Il allait être le président de la rupture, celui qui allait enfin tout changer, selon lui. Mais si les Français qui ont voté pour lui avaient pris le temps de lire la définition du mot dans le Larousse, ils auraient su que cet homme allait tout briser. Et en premier lieu, le contrat social qui nous unit. Il y a quelques semaines, un nouveau né à failli y laisser sa peau. Mais nous y reviendrons. La cible initiale et annoncée d'ailleurs, étant les acquis issus du programme du conseil National de la résistance.

Qu’il soit individualiste ou pas, qu’il se sente concerné ou pas par la politique, chaque citoyen fait partie d’un ensemble. Un monde, un pays, une société. Ce type d’ensemble est généralement librement toléré par les citoyens qui le créent par le biais d’un contrat social. Si celui-ci court à sa perte, s’autodétruit, il y a de fortes chances pour que cela ait des répercussions, y compris sur les individualistes les plus acharnés. Nicolas Sarkozy détruit peu à peu mais très sûrement ce contrat social. En choisissant d’imposer la culture du conflit permanent (contre les immigrés, contre la gauche, contre le système judiciaire, contre les syndicats, contre la presse -on y reviendra-, contre son propre camp, et on en passe…) comme modèle de vie, il génère de la violence et crée les conditions du rejet de tout et de tous.

Nicolas Sarkozy est inquiétant comme l'était George Bush. Parce que ses décisions, ses orientations auront des répercussions durant de très nombreuses années. La désagrégation du contrat social qui nous unit, de l’environnement juridique que nous nous sommes choisi ne sera pas neutre et ne pourra être réparée rapidement quelle que soit la majorité qui se dégagera quelques semaines.

La « politique », avec un grand P, la démarche, le grand dessein de Nicolas Sarkozy laissera des traces et là où il aura fallu quelques années pour détruire, il faudra des décennies pour reconstruire.

Prenons un exemple parlant... Le portail du gouvernement, tout à la gloire de Nicolas Sarkozy (un problème de culte de la personnalité ?) comme bien d'autres sites Web publics, nous explique en quoi les plans de Nicolas Sarkozy pour l'Hôpital sont une réussite:

Une "réforme majeure" pour l’hôpital public : c’est en ces termes que le président de la République a validé les propositions de la commission Larcher. Il a souligné que "la réforme de l’hôpital, ce n’est pas la fermeture des hôpitaux" et que "les évolutions proposées jettent les bases d’un système de santé efficace, moderne et juste." "Cette démarche est une marque profonde de l’intérêt que le Gouvernement, le Premier ministre et moi-même portons à l’hôpital public", a-t-il déclaré.

Ça, c'est pour la galerie. Le storytelling. La réalité, se trouve au détour d'un paragraphe pour qui sait lire entre les lignes :

Les pouvoirs des directeurs d’établissement seront accrus pour qu’il n’y ait qu’"un patron et un seul." Afin de mieux responsabiliser le conseil de surveillance et le directeur, les comptes seront certifiés. Ces mesures doivent permettre aux hôpitaux d’être tous à l’équilibre d’exploitation en 2012. Le chef de l’État a plaidé pour une "gestion plus libre" et pour l’introduction de "davantage de réactivité" en proposant, pour le secteur hospitalier, un assouplissement des règles de marchés publics.

Là, il s'agit de mettre dans les cases d'un tableur des activités qui ne peuvent, ni ne doivent, y être insérées. Chacun fera tant d'heures, pas une minute de plus, il y aura X personnes pour telle activité entre 12h et 15 h. Etc. L'objectif final étant de rendre rentable (ou à tout le moins d'amener à l'équilibre) des services publics qui ne doivent pas l'être. Le coût de la santé importe peu, il doit simplement être assumé par la collectivité.

Bilan du fantastique plan de Nicolas Sarkozy pour l'Hôpital ?

Le bilan se trouve dans un article glaçant de Brigitte Rossigneux en page 4 du Canard enchaîné  daté du mercredi 21 mars 2012 et n'appelle aucun commentaire:

 

La maternité modèle qui laisse tomber

Un nouveau-né est tombé d’une table de travail alors que sa mère accouchait seule, livrée à elle-même. Cette scène ne s’est pas passée dans un dispensaire de brousse ou dans l’un de ces petits hôpitaux dits « de proximité » menacés de fermeture. Elle s’est déroulée à Paris, dans la maternité flambant neuve de Port-Royal, symbole des belles réorganisations de l’Assistance publique que Xavier Bertrand inaugure ce mercredi. Bel acte de naissance.

Il est 16 heures, ce jeudi 15 mars. Quatre femmes accouchent, assistées par quatre sages-femmes. L’une des blouses roses est réclamée au bloc par un chirurgien pour une hémorragie. Une seconde est appelée en renfort par une collègue dont la patiente met au monde des jumeaux. Deux femmes ont la chance d’être accompagnées. Une femme reste seule, une Asiatique qui parle mal le français. Par mégarde, la porte de la salle de travail a été fermée.

A 16 h 15, la mère hurle au secours : elle vient d’expulser son bébé. Et le nourrisson est tombé de la table de 1 mètre de hauteur sur les dalles de linoléum. Les cris alertent quelqu’un qui passait dans le couloir. Par chance, le bébé n’est pas mort. Il a été transféré d’urgence au Kremlin-Bicêtre pour une série d’examens. Il devrait sortir avec sa mère, qui a eu le bon goût de ne pas porter plainte. « Sur les conséquences à long terme de cette chute, il est difficile de se prononcer », s’inquiète une infirmière.

L’Assistance publique minimise. L’incident, selon le directeur de l’établissement, serait dû au fait que la femme « a accouché plus vite que prévu », et – encore plus fort – « au po­sitionnement de la table d’accouchement ». La maternité de ­Port-Royal propose des lits verticaux ?

La sage-femme qui, sur ordre du chirurgien, a dû laisser la parturiente pour courir au bloc va être convoquée par la direction. « C’est dégueulasse, c’est un bouc émissaire », s’emportent ses collègues. Quant aux syndicats, ils sont indignés : « La vérité, c’est qu’avec cette refonte de plusieurs hôpitaux sur un seul site notre activité a augmenté de 20 %, avec 30 % de soignants de moins. »

Le personnel de la maternité, lui, a été prié d’étouffer l’affaire. B. R.

 

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