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par Antoine Champagne - kitetoa

Accord sur le budget US : on est sauvés, #oupas

A lire la presse, tout va bien. Les démocrates et les républicains se sont mis d'accord, le risque de la falaise fiscale est écarté (à nouveau) aux Etats-Unis. Le spectre de la récession s'éloigne, jusqu'en mars prochain où un nouvel accord sera nécessaire. Ouf. Nous voilà sauvés. Cette belle unanimité de la presse n'est pas sans rappeler celle qui prévaut à chaque "sauvetage" de la Grèce et de l'euro depuis quelques années maintenant.

A lire la presse, tout va bien. Les démocrates et les républicains se sont mis d'accord, le risque de la falaise fiscale est écarté (à nouveau) aux Etats-Unis. Le spectre de la récession s'éloigne, jusqu'en mars prochain où un nouvel accord sera nécessaire. Ouf. Nous voilà sauvés. Cette belle unanimité de la presse n'est pas sans rappeler celle qui prévaut à chaque "sauvetage" de la Grèce et de l'euro depuis quelques années maintenant. Soit la presse ne comprend rien à ce dont elle parle et répète ce qu'on lui dit comme un perroquet, soit elle dépeint à dessein une réalité inversée pour que le bon peuple ne s'énerve pas trop. Franchement, chez Reflets, n'étant pas trop complotistes, nous penchons pour la première hypothèse.

Repousser à demain est devenu la norme de tous les politiques. On attend le mur pour prendre des décisions et lorsqu'il faut les prendre, on choisit de repousser un peu plus l'inéluctable avec des mesurettes qui ne permettent que d'acheter du temps supplémentaire. On repousse le défaut de la Grèce depuis des années. On repousse la régulation de la finance folle depuis toujours. On repousse le changement de paradigme nécessaire en matière macro-économique pour préserver une relative paix sociale nécessaire à la poursuite de l'enrichissement (greed) des 1%. Et quand cela n'est plus possible, comme en Grèce, on tond les plus fragiles des "agents économiques" pour que les plus forts puissent continuer à s'enrichir.

Essayons de prendre un peu de hauteur pour contempler la situation macro-économique mondiale, avec l'aide de Raoul Pal et d'une présentation qu'il a faite en mai dernier, sobrement intitulée "La fin du jeu".

L'ancien de Goldman Sachs note, et on ne peut le contredire, que le monde n'a plus aucun ressort de croissance à un moment où la plupart des membres du G20 se rapprochent d'une stagnation de ladite croissance au même rythme. Point de départ de son raisonnement, hop, on s'approche de la récession.

Il nous propose ensuite quelques jolis graphiques qui font mal. Les achats de biens durables aux Etats-Unis, qui commencent à plonger. Le nombre de personnes ayant un emploi dans ce pays, qui s'effondre. Ce qui est valable à peu près partout. Notamment en Europe, en Grèce, bien entendu, mais aussi en Espagne ou en France.

La production industrielle ensuite qui fait le grand saut en Europe. Et cela a continué après le mois de mai.

Pour les sceptiques, les dernières données issues d'Eurostat :


Production industrielle - ensemble de l'industrie (à l'exception de la construction)
Indice (2005 = 100) et variation en pourcentage

En résumé : on produit moins, on achète moins, le chômage est en hausse. La reprise n'est donc pas à l'ordre du jour, l'amélioration sur le front du chômage non plus.

Maintenant, la dette. Car c'est là qu'est le mur.

Les dix nations les plus endettées ont une dette qui représente 300% du PIB mondial. Replacez-vous dans votre contexte personnel. Si vous allez voir un banquier pour lui demander un prêt et que vous êtes endetté à hauteur de 300% des revenus annuels de dix personnes, quelle sera sa réponse ?

Raoul Pal souligne que l'on est à quelques encablures d'un défaut majeur d'une banque de premier plan, le tout combiné avec des défauts souverains. Or, indique-t-il, les Etats n'ont plus les moyens de sauver des banques "too big to fail". L'effet domino est donc à portée de main.

D'autant que, précise-t-il, les 70.000 milliards de dollars de dette des membres du G10 représentent le collatéral de 700.000 milliards de dérivés... Soit 1200% du PIB de la planète.

Une telle explosion du système déboucherait selon lui sur un "big reset».

Reste à savoir ce qu'il adviendrait en cas de "big reset". L'étincelle ne vient pas tant que l'on a encore quelque chose à perdre. S'il n'y avait plus rien à perdre, cette étincelle se transformerait immanquablement en brasier. Ce qui est vraiment inquiétant, c'est ce qui viendrait après le reboot du système. Il n'y a pas de révolutions spontanées et leur devenir est toujours décevant...

Voir le document « The End Game » su Scribd

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